Thomas Porcher, économiste, signataire du manifeste des Économistes atterrés, et auteur de nombreux essais dont « Les Délaissés » et « Traité d’économie hérétique » débunke chaque semaine, sur le plateau du Média, les fausses évidences des gardiens du temple néolibéral. À l'occasion, d'autres économistes et praticiens de l'économie viennent répondre aux questions du Média dans le cadre de ce module.
Les dangers de « l’économie de guerre » - Thomas Porcher répond à Macron sur l'Ukraine
La France entre-t-elle en “économie de guerre” ? Depuis l’allocution d’Emmanuel Macron mercredi dernier, les questions et spéculations fusent. Face à la “menace russe”, le Président de la République a promis des "investissements supplémentaires" pour le budget de la défense. Macronisme oblige, le chef de l’Etat a précisé qu’il n’y aurait aucune augmentation d’impôts. Je le cite "Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi des financements publics (...) Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage". Thomas Porcher explique qu’en cas d’économie de guerre, les pays ont toujours fait appel aux plus riches. L’économiste explique aussi que les états peuvent passer par la Banque Centrale Européenne plutôt que de ponctionner dans les épargnes des ménages, surtout s’il y a un besoin imminent. Lisa Lap et Thomas Porcher questionnent aussi une stratégie néolibérale de faire passer des réformes anti-sociales par le biais de la stratégie de défense.
Les problèmes de dette n’existent plus lorsqu’on parle de la défense. Thomas Porcher et Lisa Lap questionnent la “non-urgence” vis à vis d’autres secteurs où l’on nous répète qu’il n’y a pas d’argent : transition écologique, santé, éducation… L’économiste se dit choqué également de la spéculation financière autour des secteurs de la défense et de l’armement.
Samedi c’était le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Pour rappel, un viol ou tentative de viol a lieu toutes les 2 minutes 30 en France. Dans le monde, chaque jour, 140 femmes ou filles meurent sous les coups ou agissements de leur partenaire ou d’un parent proche, ce qui signifie qu’une femme/fille est tuée toutes les 10 minutes, rapporte l’ONU. Niveau économique, de grosses inégalités demeurent. En Europe, l’UNICEF indiquait en 2007 que les femmes accomplissent 66% du travail mondial, produisent 50% de la nourriture, mais ne perçoivent que 10% des revenus et détiennent 1% de la propriété. Le rapport mondial sur les inégalités du World inequality lab montre que cette moitié de l’humanité reçoit 35% des revenus entre 2015 et 2019, 4 points de plus qu’en 1990-1994. Les activités des femmes sont souvent non rémunérées ou non valorisées. En 2022 en France, les hommes gagnent en moyenne encore 14,1% de plus que les femmes. L’économie a été faite pour et par les hommes, rappellent Thomas Porcher.
Lisa Lap et Thomas Porcher décryptent tout cela, c’est l’Instant Porcher !