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L'édito

Le regard d'un des journalistes du Média sur l'actualité et les grands enjeux du moment

À Marseille, Macron à fond dans le mépris et les fake news

Ça y est, Emmanuel Macron a replongé. Comme un drogué un temps abstinent retourne à ses addictions, il s’est remis à son péché mignon. Le mépris et, accessoirement, les fake news.

En tournée à Marseille, il a encore fait le coup du travail qui se trouve à l’autre bout de la rue, et de ces feignasses de Français qui ont la flemme de se bouger les fesses. Il répondait à la mère d’un demandeur d’emploi de 32 ans. Le procédé rhétorique est particulièrement pervers. “Dans quel secteur il veut travailler votre fils ?”. Puisqu’elle dit “tout”, il sort la nouvelle “arme fatale” des détracteurs des demandeurs d’emploi : la restauration. La fameuse restauration qui peine à recruter pour des boulots précaires, aux salaires mal payés et aux horaires contraignants et et qui, au lieu de rendre les conditions de travail plus attractives, entonne avec toute la bourgeoisie le refrain des jeunes qui veulent plus rien foutre.

L’objectif de ce fameux argument passe-partout de la restauration est de faire oublier un fait têtu : au premier trimestre 2023, il y avait 2,2 millions de chômeurs selon les chiffres du Bureau international du travail, et 375 000 emplois vacants. Ce qui veut dire que même si tous les demandeurs d’emplois acceptaient demain matin d’accepter des boulots mal payés à 500 kilomètres de leur domicile, on serait très loin du fameux plein emploi en France. Si on se posait la question, on a la réponse. Macron, qui ne faisait pas le malin au plus fort de la bataille des retraites, revient sur le devant de la scène avec ses petites phrases de mépris de classe dans un but rationnel : faire le buzz et rallier ses troupes. Certes, les gens de peu, qui plient sous le poids du chômage et du précariat, se sentiront à raison et une fois de plus, humiliés.

Mais Macron rallie la bourgeoisie et la sous-bourgeoisie. Les grands patrons comme Saadé et Drahi sur les médias desquels il peut compter et qu’il couvre de cadeaux, mais aussi les petits patrons, les artisans, à qui sa politique ne profite pas mais qui ne le savent pas. Macron mène également une sorte de guerre psychologique, en tentant de lézarder le front des classes populaires en déplaçant le débat sur le terrain des affects, de la mise en compétition, du faux bon sens dans le style “ben oui, tout irait mieux si Momo se bougeait un peu”...

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