Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.
Macron comprend-il la planification écologique ?
Le prochain premier ministre sera en charge de la planification écologique affirme le Président de la République. Emmanuel Macron reprend l'élément phare de Jean-Luc Mélenchon, porté durant les trois dernières campagnes présidentielles. Alors faut-il croire le candidat En Marche quand il dit se rallier à l'idée de la France Insoumise? Le Média décrypte et analyse.
La Planification écologique, "c'est la politique des politiques" scande Emmanuel Macron en meeting à Marseille, samedi 16 avril. C'est pourtant Jean-Luc Mélenchon, le candidat de l'Union Populaire éliminé au premier tour qui est connu pour porter la planification écologique.
En annonçant donner la responsabilité au prochain premier ministre, s'il est élu, de la planification écologique, le Président sortant a surpris les observateurs, laissant penser qu'il espère ainsi récupérer une partie des voix de l'insoumis. Le chef du gouvernement serait ainsi épaulé de deux ministres en charge respectivement de la planification énergétique et de la planification écologique territoriale.
Mais la planification est en réalité une vieille rengaine de la politique. Si elle est souvent associée à la planification socialiste des régimes communistes, elle a en réalité une vieille histoire en France qui débute dès 1946 avec le commissariat général du plan créé par Jean Monnet. L'institution disparaît en 2006, mais en 2020, François Bayrou, le Président du Modem est nommé Haut-commissaire au plan.
Critiquée par les ultra-libéraux qui voient à travers la planification l'action de l'état, les gouvernements successifs n'ont eu de cesse, au nom du libre marché, d'affaiblir toute velléité planificatrice. Or "supprimer le plan au nom d'un libéralisme impulsif serait priver le pouvoir d'une de ses armes contre la dictature de l'instant" analysait l'économiste Pierre Massé. La planification est en effet le moyen donné à l'état de mettre en oeuvre une stratégie économique coordonnée.
Durant la dernière décennie, le mot d'ordre de planification est porté par Jean-Luc Mélenchon. Celui-ci développe l'idée de "planification écologique" qui doit répondre aux enjeux contemporains liés à la crise climatique et à l'effondrement de la biodiversité. En 2009, année de la fondation du Parti de Gauche, la députée Martine Billard propose à l'Assemblée Nationale une loi, qui ne passera pas, sur la planification écologique.
Ces dernières années, particulièrement depuis la pandémie de Covid-19 et la mise en évidence de l'absence de politique sanitaire planifiée, de nombreuses ONGs écologistes et de syndicats défendent les revendications de planification. C'est le cas par exemple du collectif Plus jamais ça qui regroupe la CGT, Solidaires, la FSU, la Confédération Paysanne, ainsi que Greenpeace, Oxfam, Attac et les Amis de la Terre.
Emmanuel Macron reprend donc une mesure qui est dans l'air du temps. Mais ce qu'il propose est-il similaire à ce que propose Jean-Luc Mélenchon et l'Union Populaire? Mettent-ils la même politique derrière la planification écologique ?
Pour décrypter ce programme, Le Média a reçu trois maillons centraux de la planification écologique portée par la France Insoumise :
- Martine Billard, députée de 2002 à 2012 qui a portée la proposition de loi de planification écologique en 2009.
- Michel Philippo, coordinateur du livret planification écologique et membre du Parlement de l'Union Populaire
- Claire Lejeune, militante écologiste, figure des marches pour le climat et membre du Parlement du l'Union Populaire