Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.
Macron, une rentrée de greenwashing
Emmanuel Macron a choisi Marseille pour sa rentrée politique. Trois jours dans la cité phocéenne qui se concluent par l'ouverture du Congrès mondial de la nature de l'UICN : du 3 au 11 septembre 2021, ce sommet réunit représentants de gouvernements, scientifiques et ONG. Une occasion que le Président de la République saisit pour verdir son image et rappeler ses engagements écologiques.
« C'est l'événement environnemental le plus important au monde » clament les organisateurs de l'UICN, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature. L'ONG créée en 1948, organise son congrès mondial de la nature, un événement politique central dans le petit monde de la diplomatie biodiversité et climat. A quelques semaines de la COP15 biodiversité, qui se tient à Kunming en Chine, le gratin des experts et des conseillers politiques spécialistes des questions écologiques ont discuté pendant une semaine des moyens de mettre en œuvre, à l'échelle planétaire, une politique de conservation de la nature avec comme objectif 30% de la surface mondiale protégée, dont 10% sous protection forte.
L'événement est pris au sérieux du côté de l’Élysée qui explique que « c'est le moment de la mobilisation de la communauté internationale autour de la biodiversité en vue de l'accord global qui doit être trouvé à la COP15 sur la façon dont on régit la gestion de la biodiversité à l'international, au même titre que les accords de Paris régissaient la façon dont les différents pays devaient rentrer dans les clous en matière de réchauffement climatique ». Pour l'entourage du Président de la République, il faut lier les agendas diplomatiques du climat et de la biodiversité : « trop longtemps il y a eu une approche en silo, aujourd'hui on cherche à connecter cet enjeu de biodiversité à l'enjeu du climat et des écosystèmes et à l'ensemble de l'économie » arguent ses conseillers.
L'équipe du chef de l'État s'active donc pour mettre en avant dans l'agenda présidentiel les rendez-vous diplomatiques qui précèdent les COP. Dans la suite du One Planet Summit, organisé à Paris en début d'année, Emmanuel Macron profite de la venue de l'UICN à Marseille pour s'afficher et se verdir.
Une sortie en mer et des promesses vertes
Il saisit même l'occasion pour annoncer un « One Ocean Summit » prochainement en France, pour ajouter au calendrier politique un sommet dédié à l'océan. L'océan, ainsi que la mer Méditerranée, étaient d'ailleurs au cœur de son discours d'ouverture du sommet, alors que dans la matinée, le Président français s'accordait un tour en bateau dans les Calanques et louait « des succès en matière de restauration des écosystèmes dégradés » alors même que le Parc National des Calanques est en difficulté, souffrant d'une pénurie de moyens que dénonce son personnel.
Cette visite illustre parfaitement la dichotomie entre les promesses vertes du gouvernement, louées lors des grands sommets, et la réalité écologique sur le terrain.