Chaque semaine, Serge Faubert raconte l’actualité française à travers le prisme des délibérations au Sénat et à l’Assemblée nationale. Ce qui perce de l’esprit des lois et de l’équilibre des forces politiques, au-delà du jeu des petites phrases.
Retraite : coup de force contre la démocratie
Édouard Philippe a donc retiré provisoirement l’âge pivot du projet de réforme des retraites. Enfin, pas vraiment. Avec le gouvernement, un train peut en cacher un autre comme on dit à la SNCF.
En effet, Il y a deux âges pivots dans le projet de Matignon.
Le premier devait être mis en place à partir de 2022. Objectif, faire glisser progressivement l’âge de départ à 64 ans en 2027. C’est cet âge pivot – l’âge d’équilibre paramétrique en jargon gouvernemental - qui est retiré. Le second, qui reste dans le projet de loi, concerne les générations nées en 1975 et après. Un système de décote les incitera à partir à l’âge de 64 ans, voire 65 ans. Cet âge d’équilibre servira de variable d’ajustement au système. Chaque fois qu’il manquera de l’argent, on repoussera donc l’âge de départ à taux plein.
Une conférence sur le financement des retraites, réunissant partenaires sociaux et représentants de l’État, a désormais jusqu’au mois d’avril pour proposer des solutions alternatives à l’âge pivot dans sa version paramétrique. Si elles conviennent au gouvernement, celui-ci les reprendra à son compte par voie d’ordonnance.
Une négociation très balisée. Le courrier du Premier ministre écarte absolument toute hausse de cotisations ou toute baisse des pensions. En gros Matignon dit : vous pouvez négocier pourvu que vous arriviez à ma solution. Et si cette concertation n’aboutissait pas, eh bien l’âge pivot paramétrique serait rétabli, toujours par voie d’ordonnance.
Ce recours à des ordonnances fait bondir les oppositions de droite et de gauche. La France insoumise a proposé le dépôt d’une motion de censure de toute la gauche. Mais le le parti socialiste annonçait qu’il ne s’y associait pas.
Le texte de loi sera examiné par une commission spéciale de l’Assemblée à parti du 3 février.