Pantouflage, amendements clé en main : le lobbying agressif de l’industrie du tabac
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Pour que leurs discours infusent auprès du pouvoir, les lobbies des géants du tabac n’hésitent pas à débaucher des décideurs publics, à dicter leurs arguments aux parlementaires. Enquête.
En septembre 2024, Capucine Durieux-Rudigoz, conseillère de trois des derniers/ères ministres de la Santé (François Braun, Aurélien Rousseau et Agnès Firmin Le Bodo), prend poste au sein de l’agence de communication et d’affaires publiques Image 7, fondée par la puissante Anne Méaux. Capucine Durieux-Rudigoz y est chargée de travailler pour la Confédération des buralistes, lobby défenseur de l’industrie du tabac. Elle grossit ainsi les rangs de décideurs publics devenus représentants d’intérêts des entreprises de tabac, qu’il s’agisse de Philip Morris France (Marlboro, Chesterfield), British American Tobacco (Lucky Strike, Vogue), Japan International Tobacco France (Camel, Winston), ou de la Seita (Imperial brands, Gitanes, Gauloises).
Parmi leurs lobbyistes, plusieurs sont passés par le parlement, à l’instar de Kévin Reva, qui fut assistant du sénateur Roger Karoutchi et de l’ancienne sénatrice Catherine Procaccia (tous deux LR), parti travailler pour Philip Morris en 2022. De son côté, après des années de loyaux services aux côtés du sénateur François Bonhomme (LR) dès 2018, son assistante parlementaire Marine Sauce a intégré la Japan Tobacco International (JTI) en 2022. Le 8 novembre de la même année, François Bonhomme participe au débat sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Seulement deux mois après le départ de sa collaboratrice chez JTI, il s’oppose de façon virulente à une hausse du prix du tabac en s’adressant à Olivia Grégoire, à l’époque ministre déléguée chargée des entreprises, du tourisme et de la consommation, qui affirme que “le Gouvernement émet un avis défavorable sur les amendements qui visent à rejeter tout ou partie de l’indexation sur l’inflation.” François Bonhomme lui répond : “Je rappelle les engagements publiquement pris par le ministre devant les buralistes : « Il n’y aura pas de nouvelle hausse de la fiscalité du tabac d’ici [à] la fin du quinquennat. » En clair, cela veut dire qu’il s’engageait à ce que 2021 et une partie de 2022 demeurent des années blanches (...) Là, alors que vous avez justement l’occasion de respecter vos engagements, vous les piétinez avec cet avis défavorable !”
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