Islamophobie : la bataille du Nord
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Mise sous tutelle de la mosquée de Villeneuve-d’ascq, tentative de retrait du contrat du lycée musulman Averroès, expulsion de l’imam Hassan Iquioussen… les musulmans du Nord premières victimes des ambitions présidentielles des Républicains pour 2027 ?
La primaire des républicains est-elle en train de se jouer dans le Nord ? S’il reste encore quelques doutes sur les velléités des futurs candidats de droite pour l’élection présidentielle de 2027, une chose semble certaine : c’est une nouvelle fois sur la question des musulmans que la campagne va violemment se porter. Et évidemment, pas seulement la campagne. Plusieurs candidats ont déjà perdu d’avance, et c’est très certainement dans le Nord que va se jouer la Battle finale. D’un côté du ring on a Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des cultes, qui veut à tout prix incarner le rôle du candidat providentiel capable de ressusciter les Républicains de leurs cendres. De l’autre Xavier Bertrand, ancien ministre du Travail, ex-ténor de l’UMP, quasi dernier survivant des Républicains et président de la région des Hauts-de-France, qui attend son tour depuis trop longtemps. Et au milieu, les musulmans du Nord, dont les faits et gestes sont scrutés dans l’attente du moindre faux pas. Un faux pas pour le musulmans, un grand bond pour l’islamophobe.
Où l’on voit deux personnages politiques utiliser l’appareil d’État pour faire de la surenchère islamophobe à des fins électoralistes.
C’est une histoire dans l’histoire dans l’histoire. Une histoire à tiroirs qu’il faut analyser selon plusieurs angles. Si on regarde du point de vue de la stratégie politique lambda, on comprend qu’il s’agit de la bataille finale entre les deux derniers candidats présidentiables du parti Les Républicains, Bertrand et Darmanin. Deux candidats pas encore déclarés qui veulent faire de leur existence publique, dans un territoire où le vote pour le Rassemblement National est très ancré, un symbole de la victoire du républicanisme face à l’extrême droite. Où tous les deux s’imaginent comme les derniers remparts face à elle.
Mais si on analyse du point de vue de ceux qui subissent de plein fouet cette stratégie politique, on est proche du scandale d’État. Où l’on voit deux personnages politiques, utiliser l’appareil de l’État, le pouvoir et les moyens du contribuable que l’institution leur a confié, pour s’en prendre à une communauté bien précise, à savoir les musulmans, et faire de la surenchère islamophobe à des fins électoralistes. La méthodologie est simple, l’argumentation est simpliste, mais les conséquences sont considérables. Perpétuellement accusés par l’extrême droite de « complaisance face aux islamistes », tous les deux savent qu’ils ne peuvent pas arriver les mains vides lors de la prochaine échéance présidentielle alors qu’ils sont au pouvoir depuis des années, au niveau local et national. Ils veulent se présenter avec un bilan précis. Mais pour rivaliser avec un ministre de l’intérieur en exercice, Xavier Bertrand, pourtant considéré comme le moins à droite de la droite, n’y va pas de main morte. Et ce sont les musulmans qui payent le prix fort.
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