Parce qu’il n’est plus possible que seuls “les milieux autorisés” soient autorisés à penser notre monde, ses réalités et ses combats. Cette émission se veut le carrefour des intellectuel·le·s, penseuses·eurs et actrices·eurs des luttes sociales dissident·e·s et/ou invisibilisé·e·s.
Pillage économique : comment Hollande et Macron nous ont appauvris (pour enrichir leurs amis)
L'inflation, comme beaucoup de phénomènes économiques, a des causes difficile à saisir a priori, qui peuvent sembler hors de toute prise aux yeux des citoyens. Bien au contraire, souligne Éric Berr, l'invité de cet épisode de "On s'autorise à penser", elle est le fruit de choix politiques dont le véritable enjeu n'est autre que la répartition de la richesse collective.
Depuis le retour de l'inflation au début des années 2020, le choix politico-économique a été fait de ne pas la compenser avec des augmentations des salaires et, en revanche, de la mettre à profit pour augmenter les marges bénéficiaires de certains secteurs-clefs, notamment celui de l'énergie. Dans un livre intitulé Inflation. Qui perd ? Qui gagne ? Pourquoi ? Que faire ? (éditions du Seuil) Éric Berr (enseignant-chercheur à l'Université de Bordeaux, membre de l'Institut La Boétie) et ses deux co-auteurs, Sylvain Billot et Jonathan Marie, économistes comme lui, décrivent les effets de la politique menée par Bruno Le Maire et le gouvernement Macron face à l'inflation : non seulement les inégalités s'en sont trouvées renforcées, mais le dynamisme de l'économie s'en est trouvé amoindri. Répondant aux questions de Julien Théry, Eric Berr souligne que cette attitude participe plus généralement d'une politique de l'offre résolument adoptée, à l'encontre des principes historiques de la gauche, par François Hollande à partir de son accession au pouvoir en 2012. Cette politique, traditionnellement réclamée par les détenteurs du capital et privilégiée par la droite, donne la priorité à la réduction des coûts de production, en particulier du coût du travail, au détriment des salaires et donc du pouvoir d'achat, donc au détriment de la demande. Il s'agit d'une politique à courte vue, car elle provoque non seulement une compression de la consommation (les entreprises se plaignant donc que leurs carnets de commandes se vident), mais aussi une baisse de la productivité du travail. Il en va de même des arbitrages budgétaires dans le sens de la réduction des dépenses et, par voie de conséquence, de la qualité des infrastructures de service public (santé publique, éducation et formation, transports...).