Parce qu’il n’est plus possible que seuls “les milieux autorisés” soient autorisés à penser notre monde, ses réalités et ses combats. Cette émission se veut le carrefour des intellectuel·le·s, penseuses·eurs et actrices·eurs des luttes sociales dissident·e·s et/ou invisibilisé·e·s.
Incendie de Notre-Dame de Paris : Les dessous d'une affaire d'État
L'incendie de Notre-Dame, il y a cinq ans, n'était pas le fruit du hasard mais d'une négligence structurelle de l'État néolibéral dans l'entretien du patrimoine depuis une quinzaine d'années. La reconstruction en cours n'est pas non plus sans soulever un certain nombre de problèmes. Julien Théry reçoit Didier Rykner, rédacteur en chef du site web « La Tribune de l'art », auteur de « Notre-Dame, une affaire d’Etat ».
Il y a 5 ans, le 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris était la proie des flammes. Les pompiers n’ont réussi que de justesse à éviter l’effondrement de la tour nord et, à partir de là, d’une bonne partie de l’édifice. Pour éviter un tel désastre, ils ont dû prendre des risques importants, et c’est par chance que l’on a évité de perdre des vies.
À l’époque, au Média, on s’est tout de suite intéressés à cette affaire. À la façon dont Emmanuel Macron s’est empressé d’en faire une grande cause nationale consensuelle pour mieux s’affirmer en père de la Nation. À la façon dont un certain nombre de milliardaires se sont empressés d’annoncer qu’il allaient, dans leur bonté, faire des dons très généreux pour la restauration de ce bien collectif qu’est Notre-Dame. Et surtout, on s’est intéressés à la façon dont l’empressement du président et des oligarques visait aussi à passer les vraies questions sous silence en dissimulant la cause profonde de l’incendie, c’est-à-dire le désengagement massif de l’État néolibéral dans l’entretien du patrimoine.
Depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la défiscalisation massive des profits a fatalement causé une réduction drastique des dépenses pour tous les services publics, et le Patrimoine ne fait pas exception. Les monuments historiques ne sont plus correctement entretenus, tous les spécialistes de la conservation le savent.
Dans le cas de Notre-Dame, la sous-traitance de la sécurité à une société privée, Elytis, qui avait bien sûr réduit son personnel sur place pour diminuer ses coût, a été la cause directe de graves erreurs qui ont empêché de neutraliser l’incendie à son début. Près de 40 minutes se sont écoulées entre la première alarme, mal interprétée par l’unique agent de la société de sécurité, et l’appel aux pompiers ‒ alors que les premiers moments sont toujours déterminants dans la gestion d’un incendie.
À l’époque, nous avions reçu à ce sujet le critique d’art Didier Rykner, qui avait souligné que l’incendie de Notre-Dame n’était pas « la faute à pas de chance » comme les pouvoirs publics et les médias le faisaient croire. 5 ans plus tard, Didier Rykner a de nouveau répondu à notre invitation, à l’occasion de la sortie de son livre bilan, « Notre-Dame, une affaire d’Etat ». ●●