« L’histoire avec sa grande hache » : l’écrivain Georges Pérec, avec ce jeu de mots, a désigné ce qui a tranché dans son histoire personnelle en le privant de ses parents dès l’enfance. Avec cette émission, Le Média vous propose de nous tourner vers le passé, récent ou plus éloigné, en compagnie de celles et ceux qui l’explorent et qui le font connaître.
Violette Leduc, Monique Wittig : écrivaines et lesbiennes au XXe siècle | Émilie Notérie, Alexandre Antolin
"La grande H." se penche sur deux figures de l'histoire de la littérature, des femmes et des minorités sexuelles au XXe siècle : Violette Leduc, dont le roman "Ravages", près de 70 ans après sa censure, vient enfin de paraître en version non expurgée, et Monique Wittig, incomprise en France en son temps, mais aujourd'hui icône des mouvements LGBT. Pour évoquer les parcours très différents de ces deux écrivaines, Julien Théry reçoit Émilie Notéris, autrice de "Wittig" (éd. La Pérégrine), et Alexandre Antolin auteur d'"Une censure éditoriale : 'Ravages' de Violette Leduc" (Presses universitaires de Lyon).
Avec l'écrivaine et critique Émilie Notéris, autrice de "Wittig" (éd. Les Pérégrines), et l'éditeur et critique Alexandre Antolin auteur d'"Une censure éditoriale : 'Ravages' de Violette Leduc" (Presses universitaires de Lyon), cet épisode de "La grande H.", l'émission d'histoire du Média, croise les parcours biographiques et les oeuvres de deux autrices du XXe siècle, Violette Leduc (1907-1972) et Monique Wittig (1935-2003).
Si elles ont en commun d'avoir été confrontées aux préventions et aux discriminations, du fait de leur sexe et de leurs sexualités, et bien qu'une trentaine d'années seulement les aient séparées, V. Leduc et M. Wittig ont entretenu des rapports à la politique et à l'écriture très différents. "Ravages", roman publié par V. Leduc en 1955, a été amputé par la censure des passages mettant en scène sans voile les amours de Thérèse et Isabelle, mais l'autrice ne s'est jamais engagée dans les luttes féministes de son temps, quoique soutenue par Simone de Beauvoir, ni ne s'est définie en relation avec une quelconque identité lesbienne.
M. Wittig, à l'inverse, a pris part aux débuts du MLF, avant de s'éloigner du féminisme français et de ses inclinations "différentialistes". En affirmant que "les lesbiennes ne sont pas des femmes", elle remettait en cause, avec beaucoup d'avance, la binarité de genre et tout l'ordre socio-politique afférent - raison pour laquelle elle fait aujourd'hui figure d'icône du mouvement queer.
Remerciements à Julie Bois. Montage Bérénice Sevestre. Une émission de Julien Théry.