"Décrypter l'Afrique" est une revue d'actualité politique hebdomadaire sur le continent produite et présentée par Théophile Kouamouo.
Pourquoi le Niger et le Sahel défient l'Occident ?
La rupture est consommée entre Niamey et Paris. Le Niger dénonce, “avec effet immédiat”, les accords militaires avec les États-Unis, signés en 2012. Désir de perdurer d’une junte militaire qui n’a pas l’onction des urnes ou courage ?
Certains observateurs avaient imaginé qu’en mettant à la porte l’ancien colonisateur français, le général Abdourrahmane Tiani, chef de l’État de fait du Niger, se ménagerait tout de même des bonnes relations avec les États-Unis, peu solidaires de Paris au moment du divorce d’avec Niamey. Mais non. Finalement, la rupture est consommée. Le Niger dénonce, “avec effet immédiat”, les accords militaires avec les États-Unis, signés en 2012.
Le courroux de Niamey s’expliquerait déjà par les mauvaises manières supposées d’une délégation américaine, qui se seraient invitées sans avertir les autorités locales. Si l’on en croit le porte-parole de l’organe exécutif de transition appelé Conseil national de sauvegarde la patrie, les États-Unis ont manifestement exercé des pression sur le Niger au sujet de ses relations avec Moscou et Téhéran. Par ailleurs, le pouvoir de Niamey remet en cause la manière dont les accords militaires avec les États-Unis ont été signés. Cette déclaration du colonel-major Amadou Abdramane parce qu’elle est à mon avis un exemple de ce qui fait que les pouvoirs militaires des pays de l’AES peuvent bénéficier du soutien d’une partie de l’opinion publique africaine, au-delà de leurs pays des fois. Une posture de défiance assumée vis-à-vis des grandes puissances, une dénonciation du mépris, de la condescendance et des accords inégaux d’hier. On peut toujours y voir le désir de perdurer d’une junte militaire qui n’a pas l’onction des urnes. Mais aussi une forme de courage parce qu’il y a quelques années, il était impensable qu’un pouvoir africain parle ainsi à Paris ou à Washington.
Pour évoquer cette situation et l'analyser, débat avec Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France notamment au Mali et au Sénégal, Fabrice Wuimo, journaliste, et Michaël Pauron, journaliste, cofondateur de AfriqueXXI.