« L’histoire avec sa grande hache » : l’écrivain Georges Pérec, avec ce jeu de mots, a désigné ce qui a tranché dans son histoire personnelle en le privant de ses parents dès l’enfance. Avec cette émission, Le Média vous propose de nous tourner vers le passé, récent ou plus éloigné, en compagnie de celles et ceux qui l’explorent et qui le font connaître.
Amour, sexe et communisme : Alexandra Kollontaï | Matthieu Renault, Julien Théry
Alexandra Kollontaï fut la première femme de l’histoire à être ministre, dans le gouvernement révolutionnaire russe de 1920, la première femme à faire une carrière de diplomate aussi, puisque le régime Stalinien l’a mise à l’écart en la faisant longtemps ambassadrice à l’étranger. Elle est surtout connue pour ses idées très modernes sur le couple et sur l’amour, avec l’idée par exemple que la fidélité est une « captivité amoureuse », qui préfigure la mode actuelle du polyamour.
L’articulation entre les combats pour l’émancipation des femmes et les autres luttes sociales, la place du féminisme dans la lutte des classes, sont des questions aussi vieilles que le mouvement ouvrier et le socialisme. Elle sont toujours autant d’actualité, à une époque où le mouvement #Metoo a une puissance indéniable, mais ne paraît pas remettre en cause les structures socio-économique générales des rapport de domination. Est-ce que les luttes féministes doivent être considérées comme non-prioritaires parce qu’elle serait inoffensives pour le néolibéralisme ?
Parmi les figures féminines historiques du mouvement révolutionnaire, il y a en a une en particulier qui a été confrontée à ce type de problèmes, Alexandra Kollontaï. Elle fut la première femme de l’histoire à être ministre, dans le gouvernement révolutionnaire russe de 1920, la première femme à faire une carrière de diplomate aussi, puisque le régime Stalinien l’a mise à l’écart en la faisant longtemps ambassadrice à l’étranger. Elle est surtout connue pour ses idées très modernes sur le couple et sur l’amour, avec l’idée par exemple que la fidélité est une « captivité amoureuse », qui préfigure la mode actuelle du polyamour. Elle-même a eu une vie amoureuse particulièrement riche et libre, qui lui a valu des moqueries et l’accusation de dépravation, y compris de Lénine. Elle a aussi milité pour la dépénalisation de la prostitution, qu’elle voyait comme une modalité parmi d’autres du rapport économico-sexuel entre les hommes et les femmes, au même titre que le mariage dans la société capitaliste. Elle a développé l’idée que le nouvel ordre socio-politique engendrerait un nouvel ordre des rapports amoureux, marqué par la « camaraderie amoureuse ».
Pour ce nouveau numéro de La Grande H., l'émission d'histoire du Média, Julien Théry reçoit le philosophe Matthieu Renault, auteur, avec l'historienne Olga Bronnikova, de « Kollontaï. Défaire la famille refaire l'amour », aux éditions de La Fabrique.