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L’artiste dont la police et Darmanin veulent la tête
Paolo Cirio est un artiste et un activiste italien engagé depuis longtemps contre la surveillance numérique. Son dernier projet "Capture" entend dénoncer la reconnaissance faciale et le danger qu'elle fait encourir aux citoyens français. Et ce n'est pas du goût du ministre de l'Intérieur.
L'artiste a rassemblé près de 4000 visages de policiers français, pris sur plus de 1000 photos trouvées sur internet. Isolés et traités avec un logiciel de reconnaissance faciale, les visages ont été mis sur une plateforme en ligne. Les internautes étaient ensuite invités à identifier les policiers. Le projet a provoqué la colère des syndicats de policiers et de Gérald Darmanin qui a demandé l'interdiction du projet de Paolo Cirio au motif qu'il mettrait en danger la vie des fonctionnaires. Initialement, "Capture" devait faire partie de l'exposition annuelle Panorama présentée par la Fresnoy de Tourcoing, intitulée "Les sentinelles". Face à la polémique, le Studio national des arts contemporains, où Cirio est artiste-professeur, a décidé de recouvrir la fresque. Le risque juridique pour l'université était trop grand. L'artiste lui crie à la censure et de défend d'avoir mis qui que ce soit en danger.
"D’une certaine façon je protégeais aussi la police. Je leur disais : Regardez c’est trop dangereux, même pour vous. Mon travail est une simulation de quelque chose. J’ai proposé de créer cette base de données, mais bien sûr pas pour attaquer la vie privée des policiers eux-mêmes. Et même si je l’avais eue, je ne l'aurais pas publiée, ça aurait été aller trop loin. ”
La plateforme a été désactivée et Paolo a quitté la France pour éviter des représailles.