Chaque semaine, Serge Faubert raconte l’actualité française à travers le prisme des délibérations au Sénat et à l’Assemblée nationale. Ce qui perce de l’esprit des lois et de l’équilibre des forces politiques, au-delà du jeu des petites phrases.
Macron drague les fachos
Emmanuel Macron a donc choisi l’hebdomadaire Valeurs actuelles pour s’exprimer sur l’immigration, le communautarisme et le voile. Des confidences distillées dans l’avion qui le ramenait de la Réunion plutôt qu’une interview en bonne et due forme. Donc des propos tenus avant l’attaque de la mosquée de Bayonne. Pourquoi Valeurs actuelles ? Ce titre se situe en effet à la frontière entre la droite extrême et l’extrême droite.
Dans l’entourage du Président, on affirme qu’il s’agit d’une habile manœuvre. Caresser dans le sens du poil la frange la plus droitière de l’opinion pour la rabattre vers la majorité. Et puis, rappelle-t-on, d’autres figures de la Macronie se sont exprimées dans ce journal avant le président : Marlène Schiappa, Gérald Darmanin, Benjamin Griveaux, Florence Parly, Jean-Paul Delevoye, Gabriel Attal. Et même, souligne-t-on avec malice, le député France insoumise Alexis Corbière en janvier dernier…
Encore fallait-il avoir quelque chose à dire pour qu’on ne retienne pas de cette opération présidentielle le seul choix du vecteur.
En la circonstance, le discours du chef de l’État se résume à un constat qui emprunte énormément à un livre récent, l’Archipel français. Son auteur, Jérôme Fourquet, est le directeur du département Opinion à l'Ifop.
Comme le sondeur, le président de la République déplore l’émiettement du pays. Sans jamais, bien sûr, questionner sa propre responsabilité, ni celle de ceux qui l’ont précédé, dans la destruction du pacte républicain.