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L'instant Porcher

Thomas Porcher, économiste, signataire du manifeste des Économistes atterrés, et auteur de nombreux essais dont « Les Délaissés » et « Traité d’économie hérétique » débunke chaque semaine, sur le plateau du Média, les fausses évidences des gardiens du temple néolibéral. À l'occasion, d'autres économistes et praticiens de l'économie viennent répondre aux questions du Média dans le cadre de ce module.

Réforme des retraites : et si elle n'avait servi à rien ?

Et si le fameux équilibre tant vanté par le gouvernement pour justifier sa réforme des retraites n’était pas atteint malgré tout ? Vous le savez, la loi sur la réforme des retraites a été promulguée malgré l’énorme opposition populaire. Un des acteurs principaux a été le conseil d’orientation des retraites, ce fameux COR, service de Matignon, pour étudier la question de la retraite en France. Leur fameux rapport sorti en septembre 2022 était un appui tant bien pour le gouvernement pour justifier la réforme que les oppositions pour montrer qu’elle n’était pas nécessaire. En effet le COR expliquait qu’il n’y avait pas de dynamique incontrôlée des dépenses de retraite, malgré un léger déficit.

Et là, nouveau rapport du COR sorti jeudi dernier. Pour voir les effets de la réforme. Et devinez quoi ? La réforme permet bien de faire des économies, MAIS le fameux équilibre en 2030 sur répété et promis par le gouvernement… n’est pas atteint. De plus, l’exécutif a compté deux fois certaines recettes, ce qui laisse un trou de 4 milliards, explique l’économiste Michael Zemmour, spécialiste de la question, qui a énormément éclairé pendant la séquence retraites. Donc. L’équilibre 2030, non. Des économies, oui. Mais en 2070, les scénarios du COR restent identiques, réforme Macron-Borne ou non. Et si la véritable question, ce n’était pas le déficit, comme on se tue à le dire depuis le début ? Thomas Porcher et Lisa Lap remettent l’église au centre du village : le problème de la réforme des retraites est d’ôter deux ans de vie là où le rapport montre bien que l’espérance de vie en bonne santé ne suit pas parallèlement le report de l’âge de départ.

Autre aspect, le COR avance que “quelle que soit la génération considérée, les pensions cumulées des retraités les plus modestes (1er quartile de pension) augmenteraient nettement avec la réforme (gain de 4,7 % pour la pension cumulée pour la génération 1966, 12,0 % pour la génération 1984). Ce résultat est à relier à la hausse du minimum contributif et à son nouveau mode d'indexation. A contrario, pour les deux générations étudiées, les pensions cumulées des 25 % de retraités les plus aisés diminueraient avec la réforme (entre 1 et 2%). Thomas Porcher rappelle que ces quelques dizaines d’euros de gagnés ne valent pas les deux ans de vie de perdus, et refait un point sur le système de cotisation en place. Il explique tout simplement que le débat est très mal posé depuis le début et reprend la question à l’endroit.

Une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement se sont réunis jeudi et vendredi dernier pour le sommet Nord-Sud sur invitation des autorités françaises. L’objectif ? Tenter de “répondre aux immenses besoins des pays en développement en matière de lutte contre la pauvreté et d’adaptation au réchauffement climatique, (...) et repenser les relations Nord-Sud”, écrit Le Monde. Tandis que les pays développés le sont grâce notamment à l’exploitation des pays aujourd’hui en développement, à la fameuse mondialisation ou au fait de pouvoir polluer sans limite il a y des dizaines d’années ; les pays en développement eux sont confrontés à bon nombres d’enjeux et de limites. On pense au climat bien sûr, mais pas que. “Pour la première fois depuis trente ans, l’indice de développement humain qui mesure plusieurs indicateurs comme l’espérance de vie ou le niveau de vie, a baissé, d’abord en 2020 puis en 2021. C’est un « recul majeur », selon l’ONU, qui touche tous les pays en développement.”, lit-on dans les colonnes du Monde. Questions finances aussi, avec la récente hausse des taux d’intérêt, censée enrayer l’envolée de l’inflation, c’est désormais une crise de la dette qui se profile à l’horizon, avec un coût social élevé, raconte le journal.

Il y a donc énormément d’enjeux, sociaux, de pauvreté, climatiques aussi bien sûr, sans oublier le colonialisme. On pourrait également parler de l’aide publique au développement, des pays du nord vers le sud, dont les promesses n’ont pas été tenues et la nature des financements qui échappent à tout contrôle. Un sommet à l’initiative de la France donc, où Emmanuel Macron pratique son fameux en même temps, encourager un développement durable et écologique, mais comprendre que le premier problème est la pauvreté. Un Président qui endosse son rôle préféré : le chef d’État pragmatique, diplomate international, intermédiaire entre le Nord et le Sud, qui veut repenser, régler, soigner les fractures mondiales. Thomas Porcher explique deux éléments : d’une part les pays développés le sont grâce à la colonisation et l’exploitation, d’autre part les investissements des pays riches dans les pays du Sud servent aux industriels occidentaux. Décryptage. 

Pour mieux comprendre les enjeux et problématiques autour de la réforme des retraites, allez voir nos autres épisodes :
-> "On passe de la fin de carrière au cimetière" - Thomas Porcher démolit la réforme des retraites
-> Thomas Porcher : "Macron n'est plus crédible" sur les retraites
-> Mensonge à la télé : Élisabeth dépasse les bornes (Thomas Porcher)
-> Retraite minimum à 1200 € : Thomas Porcher démonte les bobards du gouvernement

L'instant Porcher

Thomas Porcher, économiste, signataire du manifeste des Économistes atterrés, et auteur de nombreux essais dont « Les Délaissés » et « Traité d’économie hérétique » débunke chaque semaine, sur le plateau du Média, les fausses évidences des gardiens du temple néolibéral. À l'occasion, d'autres économistes et praticiens de l'économie viennent répondre aux questions du Média dans le cadre de ce module.

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