Parce qu’il n’est plus possible que seuls “les milieux autorisés” soient autorisés à penser notre monde, ses réalités et ses combats. Cette émission se veut le carrefour des intellectuel·le·s, penseuses·eurs et actrices·eurs des luttes sociales dissident·e·s et/ou invisibilisé·e·s.
Missak Manouchian : un héros communiste au Panthéon ?
On commémorera en début d'année prochaine le quatre-vingtième anniversaire de l'exécution au Mont Valérien, par l'armée d'occupation allemande, de Missak Manouchian et de vingt-et-un autre membres de son groupe de FTP-MOI (Francs-tireurs partisans - Main d'oeuvre immigrée).
Les nazis et le régime de Vichy utilisèrent l'arrestation des membres de ce réseau, qui avait mené de nombreuses opérations militaires en région parisienne contre l'occupant, pour mener une propagande xénophobe et antisémite avec la fameuse "Affiche rouge" qui présentait Manouchian et ses hommes comme une "armée du crime" commandée par des étrangers et des juifs.
En janvier 2022, une tribune a demandé l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian. Parmi les signataires, le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, invité par Julien Théry pour cet épisode d'"On s'autorise à penser". Lui même fils de membres des FTP, P. Ouzoulias souligne que la panthéonisation de Manouchian ferait enfin compter un membre communiste de la Résistance parmi les "Grands hommes" envers lesquels "la Patrie" se déclare "reconnaissante" (pour reprendre l'inscription qui figure au fronton du "Temple de la nation"). L'Elysée a fait savoir qu'une telle cérémonie pourrait effectivement honorer la figure emblématique du résistance arménien. Mais n'est-il pas paradoxal qu'un président dont les politiques socio-économiques et migratoires sont diamétralement opposées aux principes d'égalité qui guidaient Manouchian tire des bénéfices symboliques d'une telle opération mémorielle ?