Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.
Pour une stratégie politique radicale et inclusive
Le mouvement écologiste doit-il s'allier aux luttes féministes, antifascistes, anti-racistes et ouvrières ? Dans quelle mesure s'intègre-t-il aux luttes sociales et intersectionnelles ? Aurélie Trouvé tente d'apporter des réponses à ces questions avec son livre Le bloc arc-en-ciel pour une stratégie politique radicale et inclusive.
Rallier le vert des écologistes, le jaune des révoltes populaires, le violet des luttes féministes au rouge du mouvement ouvrier, telle est l'ambition du bloc arc-en-ciel. Inspiré de la Rainbow coalition, cette union initiée en 1969 par le Black Panther Party et son leader à Chicago, Fred Hampton.
L'alliance regroupe les Young Patriots (une organisation composée de Blancs des classes populaires du sud) et les Young lords (qui organisaient des migrants portoricains), rejointes ensuite par d'autres groupes tels que La garde rouge (organisation sino-américaine) ou l'American Indian Movement. Ce front s'était fixé pour objectif de mener conjointement des mobilisations contre la pauvreté, les violences policières et l'extrême-droite, en se soutenant mutuellement via des manifestations, grèves et rassemblements.
Malgré une répression intense qui aboutit sur l'assassinat du leader communiste des Black Panther, Fred Hampton, l'initiative continue de nourrir l'imaginaire politique aux Etats-Unis, en y intégrant également les préoccupations écologiques. Jusqu'à la Chambre des représentants, où la squad, ce quatuor de femmes démocrates élues en 2018 et menées par Alexandria Ocazio Cortez, reprennent l'idée d'allier les revendications des différentes composantes du mouvement populaire, et notamment celles de la justice climatique et sociale. À travers un green new deal, ces élues revendiquent une diminution des inégalités en même temps que des politiques environnementales radicales.
Sur la base de ce modèle, Aurélie Trouvé, économiste et porte-parole de l'ONG Attac, tente d'esquisser une stratégie de mobilisation commune aux différentes composantes du mouvement social et écologique. Avec son livre, Le bloc arc-en-ciel, pour une stratégie politique radicale et inclusive aux éditions La Découverte, l'autrice décrit un amorçage d'alliances, notamment via différentes initiatives observées ces dernières années. Que ce soient les marches communes des gilets jaunes et du mouvement climat, du contre G7 à Biarritz co-organisé avec la gauche indépendantiste basque, des mobilisations autochtones et écologistes en Guyane ou encore de la marche du Comité Adama ralliée par Alternatiba, les exemples ne manquent pas.
La dernière en date, et peut-être la plus significative dans l'expérience d'Aurélie Trouvé étant celle du Collectif Plus jamais ça qui réunit syndicats et organisations écologistes. Ces derniers sont intervenus conjointement dans les luttes des raffineurs de Grandpuits, en grève à Total, et de la papeterie de la Chapelle Darblay, faisant converger le mouvement ouvrier et le mouvement écologiste.