Denis Robert reçoit des citoyens engagés, lanceurs d’alerte, intellectuels… Pour des entretiens à bâtons rompus dans lesquels le tutoiement est de mise et dont le présupposé admis par tous est que tout peut arriver.
Révélations sur les réseaux mafieux de Donald Trump
Tout dans ce livre est incroyable, le pire c’est que tout est vrai : c’est par ce court argumentaire que l’éditeur du livre « Un parrain à la maison blanche » sorti dans les premiers jours du déconfinement, essaie de vendre les révélations de son auteur : le journaliste franco-italiano-helvète Fabrizio Calvi. Cet argument est souvent utilisé et les lecteurs sont en droit de s’en méfier. Sauf que là, et ce TPA le montre d’une manière éclatante et inquiétante : tout est vraiment vrai…
Denis Robert qui est entré à Libération quand Fabrizio Calvi en sortait dans les années 80, a réalisé ces 90 minutes d’interview tonitruantes au début du mois de juillet 2020. Calvi était dans un hôtel à Marrakech, entre deux enquêtes. Spécialiste des USA, de la Mafia, lié à des informateurs ayant travaillé ou travaillant toujours pour la police ou les services secrets, Calvi est une espèce rare de journalistes. Auteur de dizaines de livres, d’articles au long court et de documentaires, en bon professionnel ne lâchant jamais sa proie, l’enquêteur de 66 ans s’est attaqué à Donald Trump. Pas pour refaire une énième biographie gnangnan mais pour traquer le président américain sous l’angle inédit de ses liens avec la ou plutôt les mafia(s).
Trois ans d’investigation, de recoupements, de travail sur des archives inédites nés d’une relation amicale entre le journaliste et sa principale source : le bien nommé Ron Fino, un agent du FBI puis de la CIA ayant croisé la famille Trump tout au long de sa carrière. Policier infiltré dans la mafia newyorkaise puis à Atlantic City, plus généralement partout où Trump a construit sa fortune immobilière, Fino a toujours eu le magnat aux cheveux filandreux en ligne de mire : « Ce qui parait dément dans cette histoire et le témoignage de Ron Fino est éloquent à cet égard, c’est que Trump aurait dû être inculpé et emprisonné des dizaines de fois, mais qu’il s’en est toujours sorti pour finir à la Maison Blanche », explique Fabrizio Calvi rieur puis grave.
Nous allons plonger en apnée avec lui dans un entretien passionnant où l’auteur, en confiance, multiplie les anecdotes et les rencontres avec des figures totémiques comme Meyer Lansky, Tony Salerno, Jimmy Hoffa, John Cody, Paul Castelanno, le redoutable Semion Mogilevich ou plus proche de nous Michael Cohen, Roy Cohn et la flopée d’attorney et procureurs ayant frôlé Trump. Sans jamais le toucher. On est chez Tony Soprano, James Ellroy, Martin Scorcèse. On touche surtout au génie malfaisant de Donald, caméléon putride a joué sur tous les tableaux : agent double, triple, quadruple. Endetté jusqu’à l’os, lié à des assassinats, à des dizaines de captations illégales, vendant des hommes ou des infos pour toujours retomber sur ses griffes. Jusqu’à la présidence des États-Unis.
Au-delà du portrait de Donald le fou furieux, une Amérique corrompue, défaillante, usée, pervertie défile devant nos yeux un brin ébahi.
Cet entretien a été enregistré au mois de juillet 2020.