Thomas Porcher, économiste, signataire du manifeste des Économistes atterrés, et auteur de nombreux essais dont « Les Délaissés » et « Traité d’économie hérétique » débunke chaque semaine, sur le plateau du Média, les fausses évidences des gardiens du temple néolibéral. À l'occasion, d'autres économistes et praticiens de l'économie viennent répondre aux questions du Média dans le cadre de ce module.
Pourquoi les français vont souffrir… Ce que nous préparent Barnier et Macron pour le budget 2025
La bataille du budget a commencé. On en parlait déjà la semaine dernière, le projet de loi de finances pour 2025 est tombé. Michel Barnier avait prévenu “ça va être dur’”. Le Gouvernement a pour objectif de ramener le déficit à 5% du PIB en 2025, alors qu’il pourrait atteindre 6,1% en 2024. Il table sur des économies de l’ordre de 60 milliards. Et pas de surprise, pour deux tiers de “l’effort”, ce sera une réduction des dépenses publiques. Concrètement, cela veut dire moins de budget pour les services et missions de l’Etat. Le gouvernement lui parle de “maîtrise” ou de meilleure “efficacité”, “réorientation”. Le Premier Ministre disait être attaché aux services publics, à l’école, au sport… Résultat du PLF 2025 : la mission “sport, jeunesse et vie associative” perd 3 millions. La plupart des missions restent quasi stables : donc pas d’investissement. Et une annonce a pas mal choqué : alors que Michel Barnier disait miser sur l’éducation et l’école, le budget prévoit la suppression de 4000 postes d’enseignants. Il prévoit aussi 2000 embauches d’accompagnants d’élèves en situation de handicap. En tout, l’Etat prévoit -2200 postes, les missions budget et comptes publics ou encore travail et emploi sont concernés. L’Etat compte faire des économies sur la sécurité sociale et les dépenses de santé. Thomas Porcher alerte : ce budget austéritaire va coûter in fine très cher aux français les moins fortunés. L’économiste alerte aussi sur la récession à venir et la baisse de l’activité ce qui va créer une boucle et finalement, ne pas réduire le déficit.
Sur les 60 milliards, 20 sont concentrés dans l’augmentation des recettes, par de la taxation. Tout d’abord : les grandes entreprises. 9,8 milliards de recettes concernent “des mesures de mise à contribution des profits des entreprises” : ça passe par une contribution exceptionnelle et temporaire, une taxe exceptionnelle pour les entreprises de fret maritime, suspension de la baisse de la CVAE, et la fiscalisation des rachats d’action. Sur les particuliers : 2,2 milliards concernent un impôt pour les hauts revenus avec un taux moyen minimum de 20%. Par contre, il y a aussi 3 milliards de recettes récupérées sur la hausse des accises sur l’énergie (mais le gouvernement assure une baisse de facture de 9%). Thomas Porcher s’interroge sur l’efficacité de ces taxes, qui ne restent qu’exceptionnelles et temporaires quand la réduction des dépenses est structurelle. L’économiste précise que les entreprises et plus riches arrivent à détourner ces impôts.
« Le budget et le vote désavouent Macron » affirme Thomas.
Lisa Lap et Thomas Porcher décryptent tout cela, c’est l’Instant Porcher !