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Fraude fiscale : cet étrange "partenariat" entre le pouvoir et Bernard Arnault
Bernard Arnault : ce nom vous dit forcément quelque chose. Homme le plus riche du monde, français, patron de l’énorme groupe LVMH. Le 30 décembre, Médiapart nous apprend que Bercy a renoncé à sa procédure pour soupçons de fraude fiscale et a préféré opter pour un « partenariat fiscal ». Le 1er janvier, l’on apprend dans le journal officiel que Bernaud Arnault est élevé au rang « Grand’croix » de la légion d’honneur. La plus haute dignité, offerte par Emmanuel Macron, qui ne compte que 68 personnes en tout. Un hasard de calendrier, mais révélateur du rapport de force entre l’État et les grandes entreprises. Vit-on en plein non-sens ou doit-on tout à nos merveilleux champions français ?
Vincent Drezet, fiscaliste et membre d’ATTAC explique qu’un « partenariat fiscal » est censé être un accompagnement pour les entreprises qui respectent les règles. Le fiscaliste dénonce la tolérance envers les grandes entreprises et le manque de moyens alloué au contrôle fiscal, quand les chômeurs n’ont pas le droit à l’erreur ; ce qui fait référence aussi à Emmanuel Macron et son « droit à l’erreur » pour les entreprises qui se « tromperaient » sur leur fiscalité. Ce n’est pas la première fois que LVMH se retrouve dans des soupçons de fraude fiscale, explique Vincent Drezet, à l’heure où l’optimisation fiscale est légale et permet d’échapper à l’impôt. C’est l’occasion de revenir sur toutes ces idées reçues autour de l’entrepreneur qui réussit et porte la France à l’international, en créant des emplois de la richesse. Et si ces champions nous coûtaient plus qu’ils nous rapportent ?
Cette légion d’honneur est une ironie « typiquement française », explique Vincent Drezet.