"Décrypter l'Afrique" est une revue d'actualité politique hebdomadaire sur le continent produite et présentée par Théophile Kouamouo.
Comment Bolloré veut contrôler les cerveaux des africains
En France, cela relève désormais de la routine. Il ne se passe pas une semaine sans qu’une polémique liée au tentaculaire empire de Vincent Bolloré n’éclate. Celle qui est en train de s’achever n’a pas dérogé à la règle. Avec l’histoire folle du député Quentin Bataillon, issu de “Renaissance”, le parti d’Emmanuel Macron. Qui finit par saboter sa propre mission, C’est l’histoire d’un gars qui est président d’une Commission d’enquête parlementaire sur, et je cite, “l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre”.
La mission de ce gars, plutôt de ce député - au temps pour moi - est la suivante. Après cette séance de sabotage en direct des travaux parlementaires, le député macroniste se fait incendier par la présidente (macroniste) de l’Assemblée nationale, et bien entendu par l’opposition. Qui demande sa tête. Mais pourquoi un parlementaire, en France, risque sa carrière politique avec comme seul avantage celui de plaire à un animateur télé ? Peut-être parce que derrière cet animateur télé, il y a un pouvoir. Un pouvoir économique, un pouvoir industriel, un pouvoir médiatique, un faiseur de rois : Vincent Bolloré. Vincent Bolloré dont on ne rappelle jamais assez qu’il a fait sa fortune en Afrique, notamment en rachetant des fois au prix symbolique des entreprises publiques privatisées sur injonction du Fonds monétaire international. Après avoir vendu son empire logistique africain, Bolloré a changé de passion monopolistique. Il ne veut plus contrôler les ports, les chemins de fer et les routes africaines. Il va à l’assaut des cerveaux. Il se transforme en acteur incontournable des industries culturelles et de l’audiovisuel. Et son emprise devient de plus en plus inquiétante pour l’avenir…