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Bombardements d'Israël contre le Liban : jusqu'où ira la folie de Tsahal ?
C’est la stupéfaction à Beyrouth. Hier, en banlieue de la capitale libanaise, une attaque au drone attribuée à Israël a visé l’appartement où se trouvait Saleh Al-Arouri, le numéro deux du bureau politique du Hamas. Il était en exil dans ce pays voisin d’Israël, avec qui il partage sa frontière sud. Frontière sur laquelle des bombardements réguliers y ont par exemple tué le journaliste de Reuters Issam Abdallah le 13 octobre dernier, ou encore sept autres personnes le 21 novembre.
Mais cette fois-ci, c’est l’intérieur même du pays qui a été visé. C’est la première fois depuis la guerre qui opposait les deux pays en 2006 et c’est un camouflet pour le Hezbollah libanais… ainsi que pour le Hamas qu’il soutient. Saleh Al-Arouri était une figure historique du mouvement de résistance islamique qui a planifié l’attaque sanglante du 7 octobre contre Israël, qui, pour la première fois jusqu’ici, a visé un cadre dirigeant du Hamas. Une promesse faite et répétée par le gouvernement de l’Etat Hébreu, les dirigeants du Hamas en exil paieront eux aussi l’attaque du 7 octobre.
Mais à quel prix ? L’attaque a été opérée hier par deux drones a été faite en violation d’un territoire étranger. D’autant plus, sur celui d’un pays avec lequel des tensions fortes persistent depuis la fin de la guerre de 2006 et où de très nombreux Palestiniens ont trouvé refuge après la création de l'État d’Israël sur leurs terres, entre 1947 et 1949.
Dès hier, mardi soir, le Hezbollah libanais prévenant que "l'assassinat de Saleh al-Arouri" était non seulement une "grave agression contre le Liban", mais aussi "un sérieux développement dans la guerre entre l'ennemi et l'axe de la résistance" menée par l’Iran face aux USA et Israël, où l’on retrouve entre autres la Syrie et toute une série de milices armées dont le Hezbollah et le Hamas.
Depuis hier, nombreux sont ceux qui réagissent à cette attaque. Tout d’abord l’armée israélienne qui déclare être dans “un état de préparation très élevée” “pour tout scénario”. Tant que de l’autre côté de la frontière, le Hezbollah libanais a déclaré que “ce crime ne restera pas sans riposte ou impuni”, ce qui laisse craindre un risque fort d’escalade dans cette région où les négociations sont au point mort.
Pour en parler, nous recevons Karim Emile Bitar, Professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, spécialiste du Proche et Moyen-Orient.