« Carte blanche », c’est la rubrique du Média consacrée à nos coups de gueule, coups de cœur et à nos partis pris. À nos opinions, étayées par des faits scrupuleusement respectés mais éclairés par nos différentes sensibilités.
Le message de Jérôme Cahuzac : "Je suis né avant la honte, et j'assume"
Dans cette carte blanche diffusée dans l’émission “Toujours debout” du 27 novembre 2023, notre journaliste Théophile Kouamouo revient sur l’interview accordée à France Inter par Jérôme Cahuzac, ministre du Budget de François Hollande condamné pour “fraude fiscale” et “blanchiment de fraude fiscale” après avoir pratiqué l’art du déni face aux révélations de Mediapart le concernant.
Sa peine d’inéligibilité à peine purgée, Jérôme Cahuzac “ramène sa fraise”, explique qu’il est prêt à revenir en politique, et donne des leçons de morale à celles et ceux qui estiment que son attitude de “come back guy” n’est pas très… morale.
“Comment on fait pour produire des êtres humains non seulement audacieux, mais complètement décomplexés… au point de paraître totalement pervers ? C’est vrai qu’est-ce qu’il faut faire ? Leur donner des carottes bouillies et des choux farcis au déjeuner quand ils sont tout-petits ? Leur offrir des stages en vivisection d’animaux quand ils sont au CM2 ? Leur expliquer matin, midi et soir qu’ils sont des êtres d’exception et doivent se comporter comme tels ?”, s’interroge Théophile Kouamouo dans sa chronique.
Avant d’esquisser un élément de réponse : il profite de l’air du temps. “L’atmosphère générale est à l’impunité des dirigeants politiques, en tout cas au détricotage d’un certain nombre de règles non écrites, et Jérôme Cahuzac doit se dire que son tort, c’est d’avoir été ministre trop tôt, alors que la morale politique n’était pas encore descendue aussi bas qu’aujourd’hui”, explique Théophile Kouamouo.
En effet, Cahuzac revient dans l’arène alors que Eric Dupond-Moretti dit “Acquittator”, son avocat de l’époque, est resté à son poste pendant son procès devant la Cour de justice de la République pour prise illégale d’intérêts. Il fait son numéro sur France Inter alors que s’ouvre le procès d’Olivier Dussopt, le ministre du Travail très zélé sur le dossier de la réforme des retraites. Qui est mis en cause pour des soupçons de favoritisme liées à un marché public datant de 2009, à l’époque où il était député-maire d’Annonnay dans l’Ardèche. Il encourt jusqu’à 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende. Mais il reste à son poste.
Les slogans sur la République exemplaire de Macron 2017 ont mal vieilli. Et dans l’atmosphère politique irrespirable qui est la nôtre, tout ce qui s’exprime contre la France insoumise, nouveau diable incarné du cercle des pouvoirs, semble acceptable. Cahuzac en profite !