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Taubira : la poésie du vide
Christiane Taubira est arrivée en tête de la consultation organisée par la Primaire Populaire. Son discours du dimanche 31 janvier ne relevait pas vraiment de son lyrisme habituel, mais semblait plutôt tout droit sorti d’un brainstorming de communicant : une succession de phrases creuses censées être “inspirantes”, destinées davantage à “motiver” qu’à donner un but clair à accomplir.
On a là l’importation en politique d’un discours typique du coaching ou du développement personnel : on vous parle de vous, d’efforts à faire sur vous-mêmes, et pas de ce qu’il faut transformer dans le monde. Il faut “se battre” pour “rassembler” afin de “réussir”.
- “Agir”. Mais contre quoi ? Le risque est d’évacuer toute analyse conflictuelle du système économique, puisqu’on ne dit jamais contre qui ou quoi va s’exercer sa future politique.
- “Rassembler”. Mais rassembler qui ? Le parti qui a voté les Lois Travail et ceux qui se sont faits gazer en s’y opposant ?
Face à une telle prestation, soit on est charitable et on dit que C. Taubira n’a que fort peu d’orientations précises et concrètes à donner. Soit on est un peu plus critique, et on dit que c’est pour éviter d’avoir à défendre explicitement des orientations qui ne feraient pas du tout consensus à gauche (qu’on trouvait par exemple dans son programme de 2002 : baisse des cotisations sociales, plus de retraite par capitalisation, renforcement des pouvoirs du président).