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À contre-courant

À contre-courant, c'est l'émission de reportage des initiatives locales.

Privés d'emploi, mais pas chômeurs !

Le 1er décembre dernier, le deuxième volet de la réforme de l'assurance chômage est passé sans faire de bruit, presque. Pourtant, l'impact sur les privés d'emploi, et notamment pour les plus précaires, est désastreux. Une réforme de l'assurance chômage justifiée par le gouvernement via l'argument d'un nombre de postes non pourvus trop élevés, sous-entendant cette petite musique habituelle du chômeur glandeur, qui accumulerait les contrats courts pour ouvrir ses droits et profiter du chômage. 

Mais quelle est la réalité sur le terrain ? Antoine, un jeune surveillant dans un lycée, nous ouvre les portes de la CGT des privés d'emploi pour nous donner un aperçu. Premier constat, les offres non pourvues sont loin d'être un argument entendable. Pour 6 millions de chômeurs toutes catégories confondues, dont 3,5 millions qui ne trouvent pas du tout de travail, il y aurait seulement 300 000 postes non pourvus, et non pas un million comme l'annonçait le gouvernement.

Un manque d'offres qui impacte tout le monde, et notamment les seniors, comme Alouah, au chômage depuis 2013. Ancien agent de nettoyage, puis agent de sécurité, la société pour laquelle il travaillait coule, il se retrouve sans emploi. Depuis, c'est l'enfer pour lui pour retrouver du travail. Il est aujourd'hui au RSA.

Une situation aussi alarmante pour Alexia (prénom modifié), 23 ans, qui entre tout juste sur le marché du travail. Même constat, elle ne trouve rien, même pas un poste pour faire du ménage. "Si mes parents n'étaient pas là aujourd'hui, je serais sûrement à la rue". 

Au-delà du manque d'offres, la question des contrats courts se pose. Une réforme censée remettre les gens au travail, mais d'après le témoignage de Ben ali, aujourd'hui en CDI en logistique, de nombreuses entreprises proposent principalement des contrats courts.  

"C'est un comble", explique Antoine de la CGT des privés d'emploi, "la réforme a fait passer de 4 à 6 mois le temps nécessaire pour bénéficier des allocations, quand aujourd'hui les entreprises proposent énormément de CDD de moins de 6 mois". 

Pareil pour les intermittents de l'emploi, comme par exemple les saisonniers, les personnels de l'hôtellerie ou de la restauration. Le calcul de leurs indemnités ne se fait plus sur les périodes travaillées, mais aussi non travaillées, baissant drastiquement leur montant, et ce pour des milliers de personnes.  

Un constat à mettre en lien en partie avec les postes non pourvus, majoritairement dans le BTP, mais aussi la restauration, un secteur dans lequel de nombreuses personnes ne peuvent tout simplement plus en vivre convenablement. 

D'après une enquête de la Dares (la direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques), sur les 300 000 postes non pourvus, c'est principalement le manque de formation qui pose problème. Alors peut-être mieux vaut-il axer sur la formation plutôt que la baisse des allocations de personnes déjà en précarité, pour une réforme qui va économiser à l'Etat environ 2,3 milliards d'euros, soit environ le montant de la suppression de l'ISF. 

À contre-courant

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