Thomas Porcher, économiste, signataire du manifeste des Économistes atterrés, et auteur de nombreux essais dont « Les Délaissés » et « Traité d’économie hérétique » débunke chaque semaine, sur le plateau du Média, les fausses évidences des gardiens du temple néolibéral. À l'occasion, d'autres économistes et praticiens de l'économie viennent répondre aux questions du Média dans le cadre de ce module.
"Les vrais assistés, ce sont les plus riches !" Thomas Porcher réagit aux polémiques
Bonjour tout le monde et bienvenue pour ce nouvel Instant Porcher. L’Instant Porcher c’est un petit moment qu’on se prend, entre nous, avec Thomas Porcher, chaque semaine pour décrypter l’actualité. Car on le sait, le discours est politique, et les comprendre est un véritable enjeu démocratique.
Au programme aujourd’hui :
La gauche du travail vs la gauche des allocations, c’est reparti. Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste Français a éveillé les débats lors de son discours à la fête de l’humanité ce week-end. "La gauche doit défendre le travail et le salaire et ne pas être la gauche des allocations, minimas sociaux et revenus de substitution" a-t-il dit en ajoutant « Les Français nous parlent d'assistanat en nous disant qu'ils travaillent et que eux (les bénéficiaires de minimas sociaux), ne travaillent pas ».
Le député a précisé ses propos dans le week-end : “Oui je veux mettre le travail au coeur du débat ! Je ne veux pas supprimer le RSA, je veux une société où il n'existerait plus parce que le travail et le salaire l'auraient remplacé !” Position totalement assumée, puisqu’il exprimait au micro du Média et de notre collègue Cemil Sanli défendre un revenu “issu du travail et non pas un revenu issu de l’assistance” Il se moque même sur son twitter de ceux qui l’attaquent sur ses propos “le travail c’est mieux que le chômage” “quoi mais t’es de droite en fait”.
Le vrai enjeu dans tout cela c’est d’aller chercher les classes populaires et rurales et les arguments de la gauche plutôt urbaine ne passent pas selon lui. C’est un réel constat de dire que la gauche a perdu la ruralité et la classe ouvrière qui s’est dirigée vers le FN puis RN. La pensée et la fenêtre d’overton étant déjà très ouverte à l’extrême droite, doit-on aller chercher les gens avec la sémantique des opposants ? Le débat est dense et ouvert. Analyse de Thomas Porcher.
Fabien Roussel a pu citer François Ruffin, député LFI et ce dernier maintient la position qui est que le gauche doive aller chercher la France des gilets jaunes ou des campagnes, qu’en penser ? Nous disons la gauche depuis tout à l’heure mais nous devons dire les gauches, car beaucoup de disparités se dessinent. Quelle image de la gauche cela donne ? Qu’il y ait des débats internes, n’est-ce pas plutôt sain ?
Pour que les classes populaires et rurales votent avec toutes les informations disponibles pour faire un choix éclairé, il faut remettre l’économie et le savoir au coeur du débat. Sauf que l’économie, l’information, ce n’est pas à la portée de tout le monde. Ce n’est pas une question d’intelligence, c’est une question d’accessibilité au savoir, de temps aussi et de possession du savoir par les classes favorisées. Et puis souvent, l’économie peut paraître barbant et complexe. C’est vrai que c’est complexe, et c’est pourquoi on veut dans les Instants Porcher décrypter l’actualité, vous donner tous les chiffres, vous expliquer les mécanismes de tout ce qu’on entend autour de nous. On était d’ailleurs présent à la fête de l’humanité pour discuter de tout cela sur le stand du média et je remercie toutes celles et ceux croisés durant tout le week-end !
Dans le débat politique, le décryptage, l’économie occupe de moins en moins de place, pourquoi ? Ce qui est pratique quand on use très peu d’arguments factuels et/ou économique, c’est qu’on peut lire, et faire lire les évènements à base d’arguments idéologiques. Aujourd’hui le discours libéral qui parfois est factuellement faux peut s’imposer comme la vérité générale, comment expliquer ce phénomène ?
C’est l’instant Porcher.