Chaque semaine, Fabrice alias le Stagirite porte un regard décalé sur l'actualité et les stratégies de communication des puissants. L'ironie n'empêchant pas l'analyse rigoureuse.
De Hanouna aux livres scolaires : jusqu'où ira Bolloré pour s'emparer de nos esprits ?
Mercredi 30 novembre tombait un communiqué de la Commission européenne. Elle a décidé d’ouvrir une enquête approfondie sur le projet d'acquisition de Lagardère par Vivendi (groupe contrôlé par la famille Bolloré).
Le rachat pose problème parce que tous deux possèdent un géant de l’édition : Lagardère possède Hachette, le numéro 1 français et Vivendi possède Editis, numéro 2. La Commission y voit une menace sur la concurrence dans le secteur.
Une bonne partie du milieu (éditeurs indépendants, libraires, auteurs) est vent debout contre ce rachat. Les libraires pourraient voir leurs marges réduites, les auteurs pourraient voir leurs avances réduites, et les lecteurs pourraient voir le prix des livres augmenter. Quelles seraient les conséquences pour la diversité éditoriale ?
On sait comment Bolloré a mis son système médiatique au service d’un projet idéologique de promotion des valeurs traditionnelles de l’Occident, notamment en faisant d’iTélé la très réactionnaire Cnews. On sait comment un candidat à la présidentielle a pu mener campagne pendant des semaines sur ses chaînes sans avoir à se déclarer officiellement. On sait à quel point Bolloré est coutumier des interventions musclées dans l’activité de ses médias. Il n’y a aucune raison de penser qu’il ne fera pas de même dans le domaine du livre.