Parce qu’il n’est plus possible que seuls “les milieux autorisés” soient autorisés à penser notre monde, ses réalités et ses combats. Cette émission se veut le carrefour des intellectuel·le·s, penseuses·eurs et actrices·eurs des luttes sociales dissident·e·s et/ou invisibilisé·e·s.
Femmes en milieu rural : les invisibles de la République
Pour cette nouvelle édition d'On s'autorise à penser, Maud Le Rest reçoit la sociologue Yaëlle Amsellem-Mainguy, autrice de "Les Filles du coin, Vivre et grandir en milieu rural".
Comment les jeunes femmes des milieux ruraux se construisent-elles ? Quel est leur quotidien, quelles sont leurs aspirations, comment se définissent-elles par rapport aux femmes des milieux urbains ? Cette thématique a été relativement peu investie par les sciences sociales françaises.
Pourtant, l’étude des modes de vie de ces adolescentes et de ces femmes révèle de sévères inégalités. Ces femmes ont moins d’opportunités professionnelles et sociales que celles qui vivent en ville et elles occupent beaucoup moins l’espace public que les hommes de leur propre milieu.
Enquêter sur ces oubliées des sciences sociales, c’est le défi qu’a relevé Yaëlle Amsellem-Mainguy, sociologue et chargée d'études et de recherche à l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire. Elle a ainsi publié le 18 mars Les Filles du coin, Vivre et grandir en milieu rural (Presses de Sciences Po).
Pendant trois ans, Yaëlle Amsellem-Mainguy a côtoyé 200 jeunes filles et jeunes femmes des Deux-Sèvres, des Ardennes, de la presqu’île de Crozon et du massif de la Chartreuse. Ces femmes ont de 14 à 28 ans et n’ont jamais quitté leur milieu rural, soit par choix, soit par contrainte. Elles vivent dans des bourgs de moins de 8 000 habitants et elles sont pour la plupart issues de classes populaires.
Pour Le Média, la sociologue revient sur son enquête.