Denis Robert reçoit des citoyens engagés, lanceurs d’alerte, intellectuels… Pour des entretiens à bâtons rompus dans lesquels le tutoiement est de mise et dont le présupposé admis par tous est que tout peut arriver.
Le capitalisme va disparaître, il faut repenser l'économie | Alain Deneault
Note de la rédaction : cet entretien a été enregistré avant l'épidémie de coronavirus et les mesures de confinement.
Une heure cinq minutes d’entretien avec Alain Denault, philosophe canadien de 50 ans, qui débarque en France et au Média pour présenter le troisième épisode de son feuilleton philosophique (qui en comptera 6). Après l’économie de la nature et de la foi, il s’attaque ici à l’économie de l’art avant d’aborder la psychanalyse, les mathématiques puis la politique. Six étapes que nous franchirons avec lui dans cet échange de haute volée.
Son projet de fond explicité ici en exergue à Denis Robert est de « Reprendre l‘économie aux économistes ».
« Nous sommes des êtres de concept. La philosophie ne se développe pas dans un monde à part. Le mot économie a été dévoyé par une corporation qui s’est désigné comme celle des économistes » postule Deneault qui revient très vite à son projet de déconstruction du langage et des académismes autour de l’économie « On oublie le multitude d’usages de l’économie dans des domaines très différents », dit-il avant de rejeter tout idée de travail sur l’étymologie, mais de s’attaquer à la façon dont l’économie a « évolué dans l’histoire jusqu’à ce que les économistes s’en emparent ».
La série de livres rassemblés sous l’égide d’un feuilleton théorique et éditée chez Lux, décline l’idée que le mot économie a un sens orwellien car il désignerait des méthodes de destruction, d’inégalités sociales, d’impérialisme qui surprendraient ceux qui ont utilisé ce mot à d’autres occasions.
Selon Deneault, si l’économie est aujourd’hui spontanément associée à des notions reliées au capitalisme marchand, ce terme renferme maints autres sens que l’idéologie capitaliste s’est employée à enfermer et à faire oublier. Il replace l’écologie au centre du jeu et nous invite ici à imaginer l’économie après le capitalisme. Comme s’il avait prévu qu’une pandémie allait nous faire repenser le monde.