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La jeunesse des quartiers à l'assaut des urnes
L’abstention dans les quartiers populaires, c’est l’éternelle question qui revient à chaque échéance électorale. Comment la combattre ? C’est la bataille de Lauren. À 22 ans, elle figure sur la liste du maire sortant pour les élections municipales. Son objectif : redonner du pouvoir d’agir aux jeunes habitants des quartiers populaires.
« Quand on est en banlieue, qu’on a que des RER, qu’on est dans une ville assez enclavée, ça change totalement nos destinées, notre accès à l’emploi, aux loisirs… » Changer la destinée des habitants des quartiers populaires, c’est la source de l’engagement de Lauren, neuvième sur la liste de la commune de Fosses, soutenue par les partis de gauche.
Dans cette petite ville de 9500 habitants, la politique n’attire pas les foules. Et encore moins les jeunes. C’est pour eux qu’elle se bat. Originaire de Clichy-sous-Bois, elle a connu très tôt les discriminations, qui ont forgé ses convictions. L'étudiante de 22 ans a cofondé son association, Cité des Chances, pour redonner confiance aux jeunes de banlieue.
D'après elle, le manque de représentation de ses pairs parmi les élus est l'une des causes de l'absention : « À partir du moment où nos représentants et nos représentantes ne nous représentent pas, on va forcément se méfier d’eux ». Elle veut pouvoir porter leur voix à la mairie de sa ville, pour parler des problèmes qui lui tiennent à cœur : « les inégalités par rapport aux milieux sociaux, par rapport à qui sont nos parents, par rapport au racisme, par rapport aussi au féminisme : toutes les inégalités territoriales qu’on peut avoir en banlieue ».
Autre frein à la participation des jeunes : le manque d’éducation politique. Pour la candidate faussatussienne, la politique n’est pas assez concrète pour eux. Elle a donc mis en place des ateliers de simulation parlementaire avec les élèves du lycée Charles Baudelaire. Un moyen de découvrir le fonctionnement des institutions. Chaque semaine, pendant une heure, les jeunes deviennent députés ou journalistes, et débattent sur des sujets de société. Pierre-Louis a fait l’expérience de ces ateliers, et en ressort ravi : « C’était une simulation d’Assemblée nationale autour de deux projets de loi sur la GPA et sur le nucléaire, sur la transition écologique. Ça m’a permis de m’intéresser aux institutions », raconte-t-il.
Depuis sa création, l’association Cité des chances s’est étendue sur le territoire francilien. Dans le XVIIIème, les jeunes ont pu échanger avec les candidats à la mairie d'arrondissement, quelques jours avant les élections municipales. L’occasion pour Mohammed d’interpeller le maire sortant : « Je veux poser la question au maire actuel. Vous dites que vous allez faire ci, vous allez faire ça, mais pourquoi vous l’avez pas fait avant ? »
De nombreux jeunes habitants des quartiers populaires ont, comme Mohammed, perdu confiance en leurs représentants politiques, désillusion après désillusion. Face à ce phénomène massif de désintérêt - voire de dégoût - pour la politique, les investissements de Lauren seront-ils suffisants ? Réponse ce dimanche 15 mars, lors du premier tour des élections municipales.