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Covid-19 : Désastre humain et sanitaire dans les foyers de sans-papiers
L’épidémie de Covid-19 touche tout le monde, mais pas de la même manière. Plus on est précaire, plus on est faible vis-à-vis du virus. D’autant plus vrai quand on est immigré, précaire économiquement et administrativement.
Dans un foyer de travailleurs immigrés parisien, depuis le début de l’épidémie, la surpopulation a augmenté à un point que désormais, même des escaliers sans lumière sont devenus de logements. A chaque étage, des matelas et des sacs encombrent les gradins. Ce sont les habitants plus précaires du foyer, chassé par les parties communes de l’immeuble, qui ont été fermées au début de l’épidémie.
Ces problèmes sont destinés à se multiplier, selon Diakité, membre du collectif « Gilets Noirs ». Le travail informel est bloqué par l’épidémie, et la condition des sans-papiers empêche un recours à la plupart des aides d’État. Jour après jour, la précarité de ces personnes augmente.
Dedans les foyers on risque une contagion de masse, mais en période de confinement et contrôles de masse, la peur de la détention et de l’expulsion en tiennent plus d’un terré chez soi. Car si les frontières sont fermées et les expulsions arrêtées, les centres de rétention administrative (CRA) continuent bien d’opérer.
Dans ces prisons pour étrangers, où l’on met ces personnes en attente d’expulsion pendant une durée maximale de 90 jours, les conditions sanitaires se dégradent tout comme se multiplient les risques de contagion. Dans certaines structures, plusieurs cas de Covid-19 ont été diagnostiqués, et dans d’autres les retenus se sont révoltés, comme nous le racontent plusieurs retenus en région parisienne.
Une détention arbitraire, violente et absurde, selon Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, cette autorité chargée de veiller sur les conditions des prisons. Selon elle, les CRA devraient être mis à l’arrêt immédiatement.