Chaque semaine, Serge Faubert raconte l’actualité française à travers le prisme des délibérations au Sénat et à l’Assemblée nationale. Ce qui perce de l’esprit des lois et de l’équilibre des forces politiques, au-delà du jeu des petites phrases.
Comment ils vont tous nous enfumer
Un neuvième groupe parlementaire vient de se créer à l’Assemblée nationale. Il met plus particulièrement en avant la préoccupation environnementale. Mais, il est loin d’avoir rompu les ponts avec avec la majorité présidentielle.
C’est le petit miracle du moment. Pas un responsable politique qui ne jure par l’écologie et le partage. Promis juré, le monde d’après sera vert, on partagera équitablement les richesses.
C’est le credo, par exemple, du nouveau groupe parlementaire Écologie, démocratie solidarité (EDS) qui s’est constitué mardi autour de Matthieu Orphelin député du Maine – et-Loire et Paula Forteza, députée des Français de l'étranger.
17 députés ont rejoint ce groupe. La moitié vient de La République en marche, l’autre moitié siégeait en tant que non inscrits.
L’attelage rassemble quelques figures connues. Delphine Batho, l’ancienne ministre de l’Écologie, Cédric Villani, le candidat dissident à la Mairie de Paris ou encore Matthieu orphelin, l’ancien porte-parole de Nicolas Hulot qui a quitté le groupe Libertés et territoires où il s’était réfugié après avoir abandonné les marcheurs. Il va falloir ménager les egos…
Un nouveau groupe pour faire quoi ? Mercredi matin, au micro de Jean-Jacques Bourdin, Matthieu Orphelin a explicité la démarche de son groupe : « Nous sommes un groupe politique indépendant, ni dans la majorité ni dans l’opposition. À chaque fois qu’il faudra voter ou soutenir des avancées, nous serons là. À chaque fois qu’il faudra dire ‘ça ne va pas dans la bonne direction’ nous serons là. Texte après texte, on regardera. Est-ce que c’est assez ambitieux ? Est-ce que ça va dans la bonne direction ? »
Ni opposition, ni majorité. On connaît ce refrain.
Si l’on examine les votes de ces 17 députés au cours du mois écoulé, on a tout de suite une meilleure idée du futur positionnement d’EDS.
Premier vote, il y a 3 semaines, le mardi 28 avril. Il s’agissait pour les députés de se prononcer sur la stratégie de déconfinement d’Édouard Philippe. 11 députés sur les 17 du nouveau groupe ont voté pour.
Deuxième vote, la prorogation de l’état d’urgence sanitaire le 8 mai. À nouveau 11 des 17 députés ont voté pour.
Troisième vote, le 13 mai. Il s’agissait de la loi Avia réprimant la haine sur internet
7 députés se sont abstenus, 4 ont voté pour et 4 contre.
Conclusion, ce groupe a voté deux fois comme les députés de la République en marche et s’est majoritairement réfugié dans l’abstention la troisième fois. Ce qu’avaient également fait les socialistes.
Emmanuel Macron peut donc dormir sur ses deux oreilles. Certes, avec la constitution du groupe Écologie, démocratie et solidarité, la République en marche perd la majorité absolue d’une voix. Mais elle parviendra toujours à faire passer ses projets avec l’aide du Modem et ses 46 députés.