Chaque semaine, Fabrice alias le Stagirite porte un regard décalé sur l'actualité et les stratégies de communication des puissants. L'ironie n'empêchant pas l'analyse rigoureuse.
Citoyennes, citoyens : on se lève et on se barre
On se souvient du “Essayez la dictature” d’Emmanuel Macron. Comme une sorte de "la France, on l'aime ou on la quitte". Mais le problème, c’est qu’on ne sort pas aisément d’un pays ou d’un système politique. Et comment le changer de l’intérieur quand le pouvoir n’écoute plus rien, passe en force dans les institutions, réprime la protestation ?
Adèle Haenel, elle, quitte la cérémonie des César pour dénoncer la complaisance du milieu du cinéma à l’égard des violences sexuelles et sexistes. Mais lorsqu’elle “se lève et se barre”, elle ne fait pas défection : elle accomplit un geste de protestation qui s’inscrit dans une lutte.
De même quand des soignants jettent leurs blouses, quand des pompiers quittent une cérémonie officielle, ou même quand les députés d'opposition de gauche quittent l'hémicycle. Ce ne sont pas des désertions : c'est la seule manière qu'il reste de prendre la parole quand on s'adresse à un mur.
Car ces citoyens révoltés ont en face d’eux les mêmes installés, ces possédants qui détiennent les moyens de production, sont à la tête de l’État, maîtrisent la distribution du prestige et des honneurs dans le milieu de la culture. Et eux ont les moyens de faire socialement sécession.