Chaque semaine, Serge Faubert raconte l’actualité française à travers le prisme des délibérations au Sénat et à l’Assemblée nationale. Ce qui perce de l’esprit des lois et de l’équilibre des forces politiques, au-delà du jeu des petites phrases.
Après l'état d'urgence, la police de la pensée
Le gouvernement s’en remet à Facebook, Twitter et Youtube pour faire le ménage sur Internet. Au mépris des fondements de la justice républicaine.
C’est le premier texte adopté par les députés depuis le confinement, hormis les dispositions de l’état d’urgence. La très controversée proposition de loi réprimant les contenus haineux sur Internet, examinée en 3e lecture, est devenue, hier soir une loi.
Ce texte contraint les opérateurs des plateformes en ligne à retirer dans un délai de 24 heures les contenus jugés « manifestement illicites » par une ou plusieurs personnes et signalés comme tels. À défaut, ils encourent une amende pouvant dépasser le million d’euros.
On le devine, faute de pouvoir apprécier dans un délai aussi court si ces contenus sont vraiment illicites, les plateformes vont tout simplement les supprimer.
Le juge est écarté au profit des algorithmes. Toute parole à contre-courant sera préventivement écartée. C’est la liberté d’expression qui est ainsi étouffée.
La loi doit être maintenant examinée par le Conseil constitutionnel. Puis viendront les décrets d’application. Une chose est certaine : ce texte n’empêchera pas les contenus abjects de prospérer sur Internet. En revanche, il sera utilisé pour museler davantage tous ceux qui s’opposent aux dérives du pouvoir. Le jour d’après, c’est comme avant. En pire !