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Antonin Bernanos : antifa sous surveillance
Condamné à cinq ans de prison ferme pour l’incendie d’une voiture de police au printemps 2016, le militant de l’Action-Antifasciste Paris-Banlieue Antonin Bernanos est aujourd’hui en liberté surveillée en Seine-Maritime. Eloigné de ses proches et de ses terrains de lutte, il livre de sa retraite forcée quelques analyses politiques.
Médias dominants, miroirs déformants
Tour à tour dépeint comme un fils de bourgeois dépolitisé en manque de frissons ou comme le dangereux leader d’une mouvance extrémiste et violente, Antonin Bernanos a vu couler beaucoup d’encre. Il en retient le rôle central des médias dominants dans la construction d’un « ennemi de l’intérieur », et pointe aussi les conséquences de leurs silences.
Le 18 mai 2016, c’est bien la focalisation sur l’incendie d’une voiture de police qui avait permis l’évacuation des autres événements politiques de la journée : la présence de personnalités d’extrême droite parmi les manifestants pro-police par exemple. Mais surtout « l’arrivée fracassante des collectifs de quartiers dans le mouvement social » (ici Urgence notre police assassine, collectif qui avait appelé au contre-rassemblement, ndlr) rappelle Antonin.
Avoir conscience
Loin du cliché des chasseurs de skins focalisés sur les affrontements groupusculaires, les membres de l’Action-Antifasciste-Paris-Banlieue portent un discours radical sur la situation politique actuelle. « Aujourd’hui, le fascisme est déjà là, au coeur de l’état et des institutions » analyse le militant. « Combattre le fascisme aujourd’hui en France, ce n’est pas lutter contre le Front National et son accession au pouvoir . C’est lutter contre l’Etat et contre tout le champ politique qui fait grandir cette question en débattant systématiquement d’islam et d’immigration, lutter contre la police qui est, devant les groupes d’extrême droite assez minoritaires, le premier vecteur de violences racistes en France… ».