Nous voulons porter un regard iconoclaste, internationaliste, “solidariste” sur l’actualité internationale avec une option préférentielle pour les Nations victimes du grand jeu néolibéral. Mais aussi pour les victimes de ce grand jeu dans les autres nations, même quand elles sont riches.
Tunisie : de la révolution au dégagisme
En ce début de XXIème siècle tumultueux, la démocratie représentative est-elle, de manière structurelle, un objet politique qu’on désire fortement, au point de mourir pour l’obtenir, et dont on se lasse aussi vite qu’on l’a expérimentée ? Théophile Kouamouo s’est posé cette question volontairement provocatrice, après l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle en Tunisie.
En seulement cinq ans de scrutins vraiment pluraliste, les taux de participation aux élections baissent de manière affolante. Mais il n’y a pas que la désaffection électorale qui frappe. Ceux qui ont pris le chemin des urnes l’ont fait en grand nombre pour sanctionner la classe politique qui s’est construite après la révolution ouverte par la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali en 2011. On dirait que le dégagisme est une passion populaire qui va au-delà des rives de la Méditerranée. Pour comprendre ce qui se joue dans cet ancien protectorat français d’Afrique du nord, nous avons fait appel à deux observateurs : le jeune militant de gauche Hakim Fekih et Adlène Mohammedi, docteur en géopolitique et spécialiste des relations entre le monde arabe et la Russie.