Coup de gueule, coup de coeur, coup de blues… Dans cette rubrique diffusée à l’improviste, un journaliste du Média se saisit d’une question d’actualité tout en se gardant bien de se cacher derrière son petit doigt.
« Startup-nation » : l'arnaque du siècle
Et si le mythe de la “startup-nation” si cher à notre Président, sous son apparente modernité, n’était qu’une théorie archaïque visant à soutenir les privilèges des actionnaires et affaiblir le rôle de l’État ?
Selon cette théorie, le lieu de l’innovation serait le secteur privé, grâce à la fois au génie individuel, et aux actionnaires audacieux qui porteraient l’intégralité du risque sur leurs épaules. A contrario, l’État ne pourrait qu’inhiber l’innovation, par ses taxes pesantes, et sa bureaucratie dépassée. Il faudrait donc limiter le rôle de la recherche publique, et bien sûr, mener une politique fiscale favorable aux entreprises et à leurs actionnaires pour encourager le progrès technologique.
Dans The Entrepreneurial State : Debunking Public vs. Private Sector Myths , l’économiste Mariana Mazzucato déconstruit ce mythe en montrant, preuves à l’appui, que c’est bien dans les efforts de long terme de l’État et donc des contribuables, qu’il faut chercher les origines de l’innovation. En décortiquant notamment l’exemple d’Apple et de l’iPhone, elle démontre que ses composantes cruciales ont été permises par la recherche fondamentale publique, et par une stratégie étatique déroulée sur plusieurs décennies. Dans le même temps, Apple sous-paie les travailleurs moins qualifiés, délocalise sa production, et pratique l’évasion fiscale de façon massive.