Chaque semaine, Serge Faubert raconte l’actualité française à travers le prisme des délibérations au Sénat et à l’Assemblée nationale. Ce qui perce de l’esprit des lois et de l’équilibre des forces politiques, au-delà du jeu des petites phrases.
Macron, seul.
Sur quelle planète vit donc Édouard Philippe ? La question se posait dès les premières minutes de son discours sur les retraites. Il ne veut pas de réthorique guerrière, a-t-il martelé.
Pourtant, c’est bien une guerre qu’il livre. Une guerre pour livrer notre système de retraites aux fonds de pension.
Le 5 décembre, les Français l’ont dit - et de quelle manière - , ils ne veulent pas abandonner le système actuel pour un système qui les appauvrira.
Alors, pour fissurer le mur des oppositions sur lequel il risque de se fracasser, le gouvernement fait le pari de l’égoïsme.
C’était tout l’enjeu de cet exercice de communication : expliquer que la réforme ne touchera pas tous les Français. Et que ceux qui seront concernés ne le seront pas de la même façon. Avec le secret espoir que les catégories qui sont plus ou moins épargnées par la lame de la guillotine se désolidarisent des autres.
Comment ce subterfuge pourrait fonctionner ? Car au détour de ses envolées cauteleuses, le Premier ministre a annoncé que l’âge de la retraite était reculé.
Certes, l’âge légal est toujours fixé à 62 ans. Mais, pour partir sans décote, il faudra attendre 64 ans. Projet qui a amené Laurent Berger à rendre –temporairement ? – son tablier. Et à appeler à manifester le 17 décembre. Emmanuel Macron, Édouard Philippe et le gouvernement sont désormais seuls.