"Si jamais les Européens décident d’interdire l’importation de bœuf canadien nourri aux farines animales, le Canada et les entreprises pourront attaquer l’Union Européenne en utilisant les tribunaux d'arbitrage. La volonté politique en matière d’écologie sera complètement bridée par les exigences du business." Au lendemain de la ratification par l’Assemblée nationale française de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA), David Cayla, économiste et membre des Économistes Atterrés, explique en quoi ce texte ne peut être réduit qu’à sa stricte dimension commerciale. Alors même qu’il fait partie d’un dispositif d’ensemble qui construit l’impossibilité de faire progresser de manière radicale les normes environnementales et sociales dans un pays sans se heurter frontalement à une loi du marché se substituant à la loi tout court. Impopulaire selon les sondages d’opinion, la ratification du CETA est tout de même passée comme une lettre à la poste, grâce à un Parlement aux ordres. Plus les enjeux sont vitaux, plus l’évidence du caractère factice des institutions censées parler au nom du peuple prend le visage d’un scandale difficile à avaler. Et plus les formes les plus radicales d’expression de l’urgence écologique sont plébiscitées par la jeunesse, dans l’Hexagone, en Europe et peut-être demain dans le monde entier.