Exclusif : Pendant l'épidémie, BFM tente de flouer ses salariés
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Sur BFM, on répète à longueur d’antenne qu’il est interdit de supprimer les titres-restaurant aux télétravailleurs. C’est pourtant ce qu’a choisi de faire le groupe Altice France, propriétaire de … BFM, avant de reculer sous la pression des syndicats.
Pour faire respecter vos droits de travailleur, regardez BFM TV. Dès le 24 mars, quelques jours après le début du confinement, la chaîne tout-info renseignait les salariés sur la continuité des titres-restaurant dans le contexte épidémique : « Effectivement, en télétravail, on travaille. On est considéré comme un salarié comme un autre. Donc on a le droit à ses tickets restaurant, comme tout salarié qui serait au bureau, parce que même à la maison, il faut se nourrir aussi et on fait des dépenses ».
Un mois plus tard, le 23 avril, le verdict n’a pas changé : « Mon employeur m’annonce qu’il ne verse pas les titres restaurants aux salariés en télétravail pendant le confinement, en a-t-il le droit ? », demande un téléspectateur. « Eh bien absolument pas, c’est très clair ! », assène la journaliste, « votre employeur doit continuer à vous attribuer vos titres restaurants en télétravail : vous poursuivez en effet votre activité, et à ce titre il vous doit ces titres restaurant ». Face à la même question, la même journaliste enfonce le clou quelques heures plus tard : « Alors là, c’est clair, c’est non ! Absolument pas ! ». Même rengaine, le 30 avril, à l’antenne de BFM Paris.
Double jeu sur le droit du travail
Des travailleurs du groupe Altice France, dont les salariés de BFM (propriété du groupe de Patrick Drahi), ont pourtant découvert avec amertume que leur salaire d’avril était amputé de la somme correspondant à la part d’entreprise... des titres-restaurant ! Un salarié à temps plein bénéficie habituellement de 21 tickets restaurant d’une valeur faciale de 9,50€, dont 5,50€ payés par l’entreprise - un manque à gagner de plus de 115€. « Pour les petits salaires dans la boîte, c’est quand même important », s’alarme un représentant syndical, d’autant qu’ « aucun salarié n’a été informé ».
L’intersyndicale de NextRadioTV a donc transmis à la direction ses « vives protestations », comme elle l’explique dans un communiqué adressé aux salariés en date du 30 avril. « Les délégués syndicaux découvrent par ailleurs que les tickets restaurant pour les salariés en télétravail ont été supprimés. Personne, ni les élus, ni les relais RH n’ont été informés de ce changement », écrivent-ils.
L'Ursaff est catégorique
L’Ursaff a confirmé au Média que « les informations relatives aux titres restaurant figurant sur Ursaff.fr rest[aient] applicables pendant la période de confinement ». En l’espèce : « Le télétravailleur est un salarié à part entière. Il bénéficie des mêmes droits individuels et collectifs que ses collègues travaillant au sein de l’entreprise », notamment en termes d’« avantages sociaux (titres-restaurant, chèques vacances...) ».
Même son de cloche du côté de la Direccte - qui veille à l’application des règles du code du travail – pour qui « le télétravailleur est un salarié de l’entreprise. Il bénéficie donc des mêmes droits individuels et collectifs que l’ensemble des salariés », ce qui comprend « l’accès […] aux avantages sociaux (titres restaurant, chèques vacances, etc.) ». Enfin, la Commission Nationale des Titres Restaurant (CNTR) considère « que si les travailleurs de l’entreprise bénéficient de titres restaurant, il puisse [sic] en être de même pour les télétravailleurs à domicile ».
Le lundi 4 mai 2020, la direction du groupe a finalement décidé de revenir sur cette décision, avec effet rétroactif à partir du 23 mars. Les salariés lésés seront donc remboursés des sommes que l’entreprise ne leur a pas versées en avril. En outre, 260 journalistes pigistes bénéficieront des mesures de chômage partiel, comme le prévoit le décret du 17 avril 2020.
Contactée, la direction du groupe Altice n’a pour l’heure pas répondu à nos questions.
Crédits photo de Une : Loic Venance / AFP.