Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.
Pour un socialisme du vivant | Clémence Guimont et Philippe Boursier
La réforme des retraites pose la question sociale mais aussi écologique. En invitant le mouvement ouvrier et le syndicalisme à s'emparer de la lutte contre les saccages écologiques, en intégrant la lutte contre le capitalisme, le colonialisme et le patriarcat et à transformer le travail et les modes de production, certains écologistes espèrent constituer un foyer de résistance et de contre-pouvoir pour une écologie populaire. C'est dans cette perspective, que les auteurs Clémence Guimont, maîtresse de conférence en Science-politique à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne et spécialiste des politiques environnementales, ainsi que Philippe Boursier, professeur en Sciences économiques et sociales, ont coordonné l'ouvrage Ecologies le vivant et le social.
La catastrophe écologique est aussi un désastre social. Et les luttes sociales s'imbriquent avec les mobilisations écologistes. A partir de ce constat, une prise de conscience se développe, qu'on observe dans le mouvement contre la réforme des retraites. Cette lutte met en relation l'écologie et le social, en démontrant que le report de la retraite à 64 ans aura des conséquences sur l'ensemble du vivant.
«Il n'y a pas une seule grande question écologique qui ne soit pas directement enchevêtré dans des rapports de domination », estime Philippe Boursier, professeur de sciences économique et sociale, sur le plateau du Média. « Les problèmes écologiques touchent les populations les plus vulnérables (…) les plus exposées aux problèmes environnementaux » poursuit Clémence Guimont, maîtresse de conférences en Science-politique, alors que les populations qui ont l'espérance de vie la plus faible et qui profiteront le moins, si ce n'est pas du tout, de la retraite, sont celles qui subissent le plus le changement climatique et les pollutions environnementales.
« La retraite est une forme de conquête écologique (...) qui s'inscrit dans une réduction du temps de travail tout au long de la vie », rappelle Philippe Boursier, pour qui « cette contre-réforme s'inscrit aussi dans le développement de logiques financières (…) très lourdement responsables des désastres écologiques ». Devant de tels constats, ces deux auteurs, qui ont coordonné le livre Ecologies le vivant et le social aux éditions La Découverte, prônent un « socialisme du vivant », fondé sur de « nouvelles protections socioécologiques ». Dans un livre qui réunit près de 70 contributions thématiques, Philippe Boursier et Clémence Guimont esquissent une écologie intersectionnelle qui met en question le capitalisme, le colonialisme et le patriarcat. Une écologie qui croise écologie populaire, écologie décoloniale et écoféminisme et qui transforme les rapports entre humains et non-humains.