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De De Gaulle à Macron. Sécurité sociale : histoire d'un sabotage
Le 21 janvier dernier, l’hebdomadaire souverainiste Marianne publiait des fuites sur le programme économique qu’Emmanuel Macron devrait mettre en œuvre s’il était réélu suite à la présidentielle d’avril prochain. Et au milieu d’un certain nombre de mesures antisociales, Marianne évoquait l’étatisation de l’assurance chômage, qui serait transformée en sixième branche de la sécurité sociale. Dans les faits, quels changements induirait cette étatisation ? La Sécurité sociale n’est-elle pas, en réalité, gérée de manière paritaire par les partenaires sociaux, patronat et syndicats ? En quoi la gestion de l’UNEDIC, qui pilote l’assurance-chômage, diffère-t-elle aujourd’hui de celle de la Sécurité sociale ? Nous nous sommes rendu compte que les réponses à ces questions n’étaient pas si évidentes que cela.
C’est pour clarifier tout cela que nous avons fait appel à Bernard Friot, économiste et sociologue, spécialiste de l’histoire du salariat et des conquis sociaux en France. Des conquis sociaux justement comme la Sécurité sociale, en voie d’être détricotés.
Nous nous attendions à une défense des prérogatives existantes des partenaires sociaux, que le gouvernement veut objectivement dépouiller. Bernard Friot a plutôt ébauché une histoire de la Sécurité sociale, afin de nous montrer comment la guerre contre la rupture qu’a constituée la création en 1946 du régime général a été menée depuis lors par les gouvernements successifs et le patronat. Des fois avec la complicité objective de syndicats flattés d’être partie prenante d’un système paritaire là où, au départ, il s’agissait d’ériger des caisses gérées intégralement par les travailleurs et pour les travailleurs.