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Au coeur du scandale des bébés sans bras
Emmanuelle Amar est épidémiologiste, directrice du REMERA, l’organisme dont le rôle est de détecter les malformations congénitales dans la région Rhônes-Alpes. Auteure du « Un silence toxique », récemment paru au Seuil, elle est connue comme la lanceuse d’alerte de l’affaire des bébés nés sans bras dans le département de l’Ain. Elle est aujourd’hui, de facto, la bête noire d’une partie des autorités sanitaires, qui ont à plusieurs reprises essayé de la faire taire, sinon de faire fermer l’organisme qu’elle dirige. C’est une histoire qui pose de vrais problèmes, qui touchent notre citoyenneté, notre rapport à l’expertise et notre confiance dans les institutions scientifiques. C’est un problème de « démocratie sanitaire ».
Dans cet entretien avec Théophile Kouamouo, elle raconte le parcours qui l’a conduit à devenir une lanceuse d’alerte, et insiste sur la faiblesse et la précarité des financements accordés à tous les organismes de surveillance épidémiologique. Elle commente également un reportage de la rédaction sur la manifestation “Nous toutes”, contre les violences sexistes et sexuelles et d’autres sujets d’actualité, comme le récent rapport du Conseil économique, social et environnemental sur l’état préoccupant du système carcéral français.