Thomas Porcher, économiste, signataire du manifeste des Économistes atterrés, et auteur de nombreux essais dont « Les Délaissés » et « Traité d’économie hérétique » débunke chaque semaine, sur le plateau du Média, les fausses évidences des gardiens du temple néolibéral. À l'occasion, d'autres économistes et praticiens de l'économie viennent répondre aux questions du Média dans le cadre de ce module.
Dette : Comment l'occident empêche l'Afrique de se développer
Les pays les plus pauvres, notamment africains, connaissent une nouvelle crise de la dette. Une crise dont l'importance est inédite. Mais alors le fossé Nord-Sud va-t-il se creuser ? L’Afrique est-elle embourbée dans un piège ? Qui tire les ficelles, à qui profite le "crime" ? Quel rôle des pays riches dans tout cela ?
Les réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI se sont terminées le 15 octobre à Marrakech. Selon les derniers chiffres du FMI, près de la moitié des pays pauvres souffrent de la dette. Une crise qui ne touche pas particulièrement des pays surendettés. Désormais, la Chine fait partie des créanciers, ainsi que les investisseurs privés. Les pays pauvres sont bloqués entre les créanciers, la nécessité de relancer pour l’emploi des jeunes, l’impossibilité de faire un emprunt, ou les partenariats public-privé.
En Afrique subsaharienne, la dette domestique est supérieure à la dette extérieure. Mais cette dernière pèse lourd dans le budget des pays, où les emprunts sont bien plus chers à rembourser car les devises sont étrangères, et les taux ont augmenté.
Par exemple, au Kenya, la dette représente 60% de son budget, cela représente 3 fois plus qu’il y a 6 ans. Les pays compensent alors en réduisant leurs dépenses de santé ou d’éducation. La Zambie a pu se voir accorder du temps supplémentaire pour rembourser, est-ce vraiment la solution ?
« La prochaine reconstitution des ressources de l' «International Development Association» doit être la plus importante de tous les temps », a lancé Ajay Banga, le président de la Banque mondiale, vendredi 13 octobre. Le fonds a un budget de 93 milliards de dollars pour la période comprise entre 2021 et 2024" rapporte Le Monde.
"L'Afrique retombe dans le piège de la dette", titrait Le Monde le 18 juin 2023. Soit moins de vingt ans après le cycle des programmes d'ajustement structurel imposés par la Banque mondiale et le FMI, qui promettaient à la clé des remises de dette. Comment expliquer ce cycle infernal ? Comment en est-on arrivé là ? Ce n'est pas une crise de la dette, explique Thomas Porcher.
Carlos Lopes, professeur à l’université du Cap, en Afrique du Sud, le service de la dette en Afrique subsaharienne équivaut à la somme qui a été mise sur la table pour sauver une seule banque américaine : la Silicon Valley Bank. Le problème ? Les pays pauvres n'ont pas accès au financement comme l'ont les pays du Nord, dont le développement des pays africains ne les arrange pas, explicite Thomas Porcher.
La loi immigration, loi « Darmanin », qui dit vouloir « contrôler l’immigration et améliorer l’intégration », a été débattue la semaine dernière au Sénat. Et la droite sénatoriale a fortement durci le texte : suppression de l’aide médicale d’état, suppression des APL et allocations familiales pour les étrangers résidant en France depuis moins de 5 ans (c’était 6 mois jusqu’alors), durcissement du droit du sol c’est à dire que ce ne serait plus automatique d’être naturalisé une fois qu’un mineur étranger aura atteint la majorité, suppression de l’article 3 sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers dits « en tension ». Thomas Porcher démonte cette loi et les clichés autours des immigrés en France.
Lisa Lap et Thomas Porcher analysent tout cela, c'est l'Instant Porcher.