Après l'affaire Nahel : le racisme tue (et de plusieurs manières)
Dans ce nouvel épisode de sa chronique santé, Eloise Van-Nguyen Bajou évoque un sujet qui commence à faire l’objet de nombreuses études aux États-Unis et au Canada depuis quelques années et qui est malheureusement totalement sous-traité en France. Le traumatisme racial. Aux Etats-Unis, les premières recherches sur le sujet ont été menées - dès 2013 - par Robert T. Carter, docteur en médecine légale et professeur de psychologie de l'université de Columbia. Et depuis les études et thématiques explorées en lien avec le trauma racial ne cessent de se multiplier outre-Atlantique.
De quoi s’agit-il ? C’est une blessure psychologique causée par la haine subie, par des expériences négatives, des agressions ou des micro-agressions répétées qui créent un effet de saturation. A force de vivre dans un sentiment de solitude, de refouler ses émotions et d’être baigné dans la crainte pour sa sécurité personnelle, le corps déclenche des réactions physiologiques de réponse au stress.
C’est une réaction de défense naturelle du psychisme. Le problème c’est l’effet d’accumulation lié à la répétition des situations d’oppressions racistes. Car il faut bien comprendre que les causes du traumatisme racial ne se limitent pas à sa propre expérience personnelle mais aussi à celle des personnes auxquelles on s’identifie: famille, amis ou personnes d’ascendance comparable.
Au-delà du traumatisme racial, des biais infondés existant dans le secteur médical, notamment celui du “syndrome méditerranéen” - selon lequel les personnes d’origine nord-africaines ou d'autres minorités vivant autour de la Méditerranée exagèrent leurs symptômes et leurs douleurs - sont également responsables de morts, de mauvais traitements et de souffrances diverses.
Plongée dans une nouvelle facette d’une réalité contemporaine : celle du racisme qui tue, de plusieurs manières.