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Même les flics détestent Darmanin - pourquoi la réforme de la police judiciaire pose problème
De mémoire de flic, c’est une contestation jamais vue.
Rarement les policiers, magistrats, avocats n’ont été vent debout d’une manière aussi catégorique et unitaire contre une réforme. Il faut dire que le projet du ministre de l'Intérieur et de Macron, provoque de vives inquiétudes : ils prévoient de placer tous les services de police d’un département sous l’autorité d’un seul directeur départemental de la police nationale. Un “DDPN” qui dépendrait directement du préfet. Donc de l'exécutif et de sa politique du chiffre.
En tête de la mobilisation, les enquêteurs de la PJ - la police judiciaire. Si ce texte a comme objectif affiché de “désengorger les commissariats”, la PJ craint d’en être réduite à des affaires de délinquance quotidienne : rodéos urbains, petits larcins, etc… Elle qui, héritée de l’esprit des Brigades du Tigre instaurées par Georges Clemenceau en 1907, doit s’occuper de la criminalité organisée, des délinquants en col-blanc.
Bref, sur le fond, la réforme ne passe pas. Mais la fronde contre Darmanin est d’autant plus grande que la forme pose elle aussi problème : les policiers dénoncent un manque de “concertation”, pire une réforme “autoritaire”.
Il faut dire que le récent mais néanmoins très brutal limogeage d’Eric Arella, patron de la Police Judiciaire du Sud, reste en travers de la gorge de nombreux policiers. Coupable selon sa hiérarchie de « déloyauté », après une “haie de déshonneur” dans les couloirs du siège de la PJ de Marseille, durant laquelle 200 enquêteurs, bras croisés, têtes baissées, ont réservés un accueil glaciale à Frédéric Veaux, grand patron de la police nationale (DGPN) et promoteur de cette réforme.
Pour évoquer cette fronde, nous recevons Anthony Caillé, secrétaire de la CGT- Intérieur-police.