Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.
Crimes environnementaux : les capitalistes détruisent la planète
Qu'est-ce que le crime environnemental ? Le chercheur au CNRS, Gregory Salle pose la question dès le titre de son dernier ouvrage, pour interroger une notion de plus en plus utilisée, et pourtant très restreinte du point de vue des institutions et du droit. Dans le sillage de la criminologie verte, le sociologue tente de redéfinir le crime.
Si l'on visite les sites d'Interpol, de la Commission européenne ou du Programme des Nations Unies pour l'environnement, la criminalité environnementale désigne les actions illégales menées principalement par des groupes mafieux ou clandestins.
Ciblant les trafics, notamment d'espèces sauvages, le braconnage, la contrebande de ressources, telle que l'ivoire, ou le déversement illicite de déchets toxiques, cette approche de la criminalité environnementale, qui accuse essentiellement des acteurs des pays du sud global, est restreinte. En se limitant au droit et à ce qui est illégal, de nombreux crimes peuvent être commis en toute impunité. Cette définition juridique de la criminalité environnementale ne suffit donc pas puisqu'elle n'est pas capable de penser la délinquance en col blanc, et les actions climaticides, écocidaires et polluantes des multinationales.
Face à ce constat, le criminologue Grégory Salle interroge la vision dominante : "Peut-on, dans un système capitaliste injuste et prédateur, se contenter des limites étroites du droit pour définir le crime environnemental" ? Auteur de Qu'est-ce que le crime environnemental, le chercheur en sciences sociales au CNRS démonte les "représentations tronquées, voire trompeuses" et dépasse la conception commune.