Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.
Le parc des Cévennes fait les frais des mensonges de Macron
Les agents du Parc national des Cévennes sont en colère. Ils font grève parce qu'une des leurs voit son poste supprimé alors qu'elle est toujours en fonction. Il s'agit d'une première dans les parcs nationaux de France. Alors que les réductions de postes s'effectuaient avec des mutations, des départs à la retraites non-remplacés ou des départs volontaires, un agent se voit désormais remercié malgré quinze années de service dans ces montagnes.
Pour le Syndicat National de l'Environnement - FSU, qui mobilise les salariés grévistes, c'est la goutte de trop. Et pour l'occasion, 70% des effectifs cévenols étaient en grève, un record.
Ces derniers dénoncent le double-discours d'Emmanuel Macron, le Président de la République, qui déclarait en début d'année, vouloir renforcer les aires protégées, et déployer une nouvelle stratégie nationale de protection de la biodiversité dans les territoires, avec pour objectif 30% d'espaces protégés, dont 10% sous protections fortes, comme les cœurs de parcs nationaux.
C'est pourtant à peine quelques semaines après ce discours au One Planet Summit, et la présentation de cette nouvelle stratégie, que de nouvelles réductions d'effectifs sont annoncées dans des parcs, et en particulier cette suppression de poste dans les Cévennes. Il y a là, selon le syndicat, une contradiction avec le discours du Président, et la réalité du terrain, car selon les agents, pour déployer une stratégie de protection et renforcer ces aires, il n'y a pas assez de personnel.
Le Parc des Cévennes, situé dans un environnement singulier avec une nature spécifique, en moyenne montagne, abrite une faune et une flore sensible, dont certaines espèces sont menacées. Des grands Causses au Mont Lozère, en passant par les vallées cévenoles et le Mont Aigoual, le patrimoine écologique du parc est caractérisé par une situation géographique et un climat exceptionnels, entre zone méditerranéenne et Massif Central, qui rendent d'autant plus urgent la protection de ce territoire riche et menacé.
Avec la suppression des effectifs du Parc, plusieurs missions de suivi écologiques sont menacées. Certaines espèces remarquables pourraient ne plus être suivies, ce qui pourrait entraîner leur disparition. C'est le cas par exemple de certains rapaces, comme le Circaète Jean-le-blanc ou de la chouette de Tengmalm. Et les programmes de réintroduction, comme celui du Gypaète barbu pourraient être interrompus.