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Farida en procès : L’infirmière qui a craqué et qu’on veut briser
Les images de son interpellation violente le 16 juin 2020, durant une manifestation de soignants en colère contre la détérioration des conditions de travail au sein de l'hôpital public suite à la première vague de COVID 19, avaient marqué les esprits.
Arrêtée, brutalisée et mise en garde à vue parce qu’elle avait lancé deux cailloux et fait des doigts d’honneur aux policiers qui “nassaient” le cortège dans lequel elle se trouvait, Farida est depuis devenue le symbole des soignants applaudis aux fenêtres pendant le confinement, abreuvés de promesses puis oubliés tout simplement.
“Au début, tout allait bien. Et à la fin de la manifestation, on s’est retrouvés nassés, gazés, gratuitement. J’étais très en colère, j’avais très peur, j’ai commencé à suffoquer. En signe de protestation et pour exprimer ma colère encore plus fort, j’ai lancé deux cailloux et fait deux doigts d’honneur à la police. J’ai été interpellée de façon très très musclée, traînée par terre, par les cheveux (...) J’ai passé 24 heures en garde à vue (...) Suite à mes blessures et à l’arrestation, je me suis arrêtée treize jours. J’ai été toute endolorie, toute blessée, toute cabossée. J’avais deux côtes cassées. (...) Quand je pense à mon arrestation, je n’arrête pas de penser à Cédric Chouviat (...) J’aurais pu mourir ce jour-là. Et du coup je relativise (...) Les doigts d’honneur exprimaient le ras-le-bol de ce qu’on vivait à l’hôpital. Ils étaient dirigés contre les réformes, les décisions du gouvernement qui ne valent rien, qui ne répondent pas aux revendications des soignants (...)
C’est la colère contre la privation de liberté. On va manifester (...) et on nous envoie la police. On fait des démonstrations de force et on nous envoie des gaz. C’est de l’intimidation. C’est du mépris envers notre profession, envers ceux qui sont couchés à l’hôpital. (...) Rien n’a changé depuis la crise du COVID (...)”