Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.
Le rapport qui épingle le coût environnemental du CAC 40
L'Observatoire des multinationales a publié son rapport annuel sur le CAC 40 (qui regroupe les principales multinationales françaises). Intitulé "CAC 40 Le véritable bilan annuel", le document épingle dans son troisième chapitre (un fardeau croissant pour la planète), le véritable coût environnemental des grandes entreprises françaises comme Total, Engie, PSA ou encore Danone. Pour aller plus loin, Le Média a interviewé Olivier Petitjean, coordinateur du rapport. Ce dernier pointe du doigt l'hypocrisie des dirigeants d'entreprises, qui prétendent verdir leurs activités, alors que dans le même temps les activités de lobbying se sont intensifiées suite au confinement. Le rapport parle même de corona-washing pour expliquer les tentatives des grandes entreprises pour détricoter les réglementations qui contraignent les grands groupes, depuis le début de la pandémie.
Le coût environnemental est colossal. Dans son rapport, l'Observatoire des multinationales précise que même si les émissions globales du CAC 40 ont baissé de 3,13% depuis 2017, la réalité est moins reluisante. Cette baisse, le CAC40 la doit au désinvestissement d'ENGIE dans le secteur du charbon. Or Engie s'est contenté de vendre ses actifs dans cette industrie. Sans cette entreprise, les émissions du CAC40 sont en hausse de 2,6% depuis 2017.
Vingt firmes de l'indice boursier parisien ont augmenté leurs émissions entre 2017 et 2019, dont Total (+3,3% en deux ans) qui représente près de 30% des émissions du CAC40.
De plus, plusieurs entreprises sont concernées par des activités liées à la déforestation. L'Oréal par exemple, est "très friand" d'huile de palme, et Michelin de caoutchouc. Ces cultures sont directement impliquées dans la destruction des écosystèmes forestiers. Plusieurs multinationales françaises sont mises en causes en Amérique du Sud (Casino, Carrefour, EDF, Total).
L'apparition du Covid-19 représente une véritable opportunités pour certains industriels avides d'abaisser les normes en vigueur.
Avec la pandémie, des dizaines de règles fiscales, sociales et environnementales sont attaquées par les lobbies. L'Observatoire parle "d'épidémie de lobbying", afin de demander le report, la suspension, l'allégement ou la suppression de régulations sociales et environnementales. Aucune contrepartie réelle n'ont été imposées à Air France et Renault qui bénéficient des plans de relances.
Pour Olivier Petitjean qui analysé "un renforcement de l'emprise des grands groupes", ils sont les grands gagnants du monde d'après.